samedi 20 avril 2013

MASTER JIU JITSU: La théorie et la pratique du jiu jitsu selon Sergio "Malibu" Jardim

Rio de Janeiro est divisé en 3 sections: La Zona Norte (zone nord) Centro (le centre) et Zona Sul (zone sud). Copacabana, Ipanema, Leblon et Barra da Tijuca sont situés dans la zone sud. les Cariocas (habitants de Rio) qui peuvent se permettre de vivre où ils veulent, vivent ici.

Il ne serait pas vraiment exact de dire qu'il y a une académie de jiu jitsu à chaque pâté de maisons dans la Zona Sul, parce que certains blocs comptent plus d'une académie....

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La première que je remarque, à Ipanema, est "Master Jiu-Jitsu". Le panneau rouge sur la facade indique que Fabio Gurgel et Romero Cavalcanti enseignent ici. Je connais Fabio Gurgel pour ces combats contre Jerry Bohlander et Mark Kerr. Par contre je n'ai jamais entendu parler de Romero Cavalcanti.

J'entre, la séance d'entraînement commençe tout juste. Un grand gars au comptoir d'accueil, avec son bras dans une écharpe (il a attendu trop longtemps pour taper, explique-t-il), m'invite à regarder l'entrainement.

Il y a environ vingt gars sur le tapis, ou "tatame", comme les Brésiliens l'appellent. La plupart d'entre eux sont ceintures bleues. Il y a quelques blanches, un peu plus de violettes et une ou deux ceintures marrons. Il n'y a qu'une ceinture noire. C'est le professeur, Sergio Malibu.

Tout le monde l'appelle Malibu, mais son vrai nom est Sergio Jardim. Ce surnom vient du fait qu'un jour en rendant visite à un de ses nombreux amis Brésiliens vivant en Californie, il alla a Malibu Beach, il trouva ce nom cool, et décida de l'adopter. Au brésil la plupart des gens portent un surnom. Il n'est pas rare que des gens se connaissent depuis des années sans connaitre le veritable nom de l'autre.

Je me presente à lui. Je pensais qu'il suffirait de dire que j'étais intéressé par le jiu-jitsu, ce qui explique ma présence ici, et que j'étais un américain (ce qui explique mon mauvais portugais) je reussi tout de meme a lui dire en portugais: eu sou Americano e gostaria conhecer o Jiu-jitsu.

Malibu se montre assez sympathique (comme la plupart des Brésiliens) mais il veut avant tout savoir deux choses. Tout d'abord, ai-je deja pratiqué le jiu jitsu, et d'autre part, ai-je l'intention de m'entrainer maintenant? Je lui explique que je me suis entrainé 2 ou 3 mois à Los Angeles. Je ne connais que les positions de base (la monte, la garde et la croix ) et une poignée de simples soumissions. Je connais le système de graduation des ceintures (blanche, bleue, violette, marron, noire), et j'ai saisi en quoi le jiu jitsu diffère des autres arts martiaux, tels que le Karaté, le Muay thaï, le Kali, et l'Hapkido. Cela semble lui suffir, Malibu m'invite alors a prendre part a l'entrainement. Mais je lui dis que je préfère dans un premier temps observer un cours pour voir la façon dont ils s'entrainent au Brésil.

Il s'avère qu'ils s'entrainent plus ou moins de la meme façon dont on s'entraine à Los Angeles. Exepté que le cours est un peu plus "Brésilien" c'est a dire plus souple, plus détendu, mais aussi plus intense. Les cours durent soit une heure soit une heure et demie.(avec un échauffement plus long pour le cours d'une heure et demi) mais sinon la structure du cours est la même. Le debut du cours peut differer d'apres les élèves en présence. Si la majorité des élèves sont de jeunes ceintures blanches et bleues, le professeur prodiguera lui meme l'echauffement (qui peut être intense). Si les gars sont plus âgés et plus expérimentés, en particulier des ceintures marrons et au-dessus, ils s'échauffent chacun de leur coté à leur propre rythme. À un certain moment, le professeur demande l'attention de tous et explique une technique. En règle générale, ils voient trois ou quatre techniques par cours, habituellement ayant une connexion entre elles, mais parfois pas. En fonction de la composition de la classe, ils travaillent soit les techniques de base soit des techniques avancées, parfois un mélange des deux. Ce jour là Il n'y avait pas beaucoup de débutants dans au cours de Malibu. Les techniques qu'ils ont travaillées me passaient par au dessus la tête.

L'echauffement et les positions (le nom qu'il donnent a la partie "instruction" du cours) durent environ entre 30 et 45 minutes ce qui laisse donc les 30 a 45 minutes restantes pour la partie combats (cette partie du cours est parfois appelée "training") Ces combats sont pour la plupart du temps chronometrés (6 minutes) mais pas toujours. Dès qu'un combat est terminé ils en enchainent un autre en changent de partenaire et ainsi de suite. a noter que chacun est libre de se reposer tout moment et pour aussi longtemps qu'il le veut, mais peu le font.

Malibu m'explique : "c'est en combattant qu'on devient meilleur" Autant pour apprendre un nouvelle technique vous avez besoin d'un partenaire complaisant , autant pour apprendre à la placer vous avez besoin d'un partenaire qui résiste. Vous ne pouvez pas dire que vous maitrisez correctement une technique tant que vous n'etes pas parvenu a la placer a un adversaire qui resiste.

Je lui demande alors comment s'appelle en portugais le mouvement qu'il a enseigné à ses élèves dans ce cours ? Il n'a pas de nom, me repond il. C'est juste une des innombrables variantes de "raspagems" (sweeps, renversement). En portugais, "raspagem" signifie raser ou gratter. Dans la pratique, un raspagem est un mouvement dans lequel vous commencez en dessous avec les jambes autour de la taille de votre partenaire (garde) pour vous retrouvez ensuite au dessus a cheval sur lui (monte). Cette position de depart (la garde) n'est pas une mauvaise position, parce que même si vous êtes en dessous, vous pouvez tres bien défendre et même attaquer de manière efficace, principalement parce que vous pouvez vous servir de vos jambes pour transferer le poids de votre adversaire. Si toutefois vous aviez commencé en mauvaise position, par exemple en dessous, mais sans jambes autour de votre adversaire, et que vous finissez en meilleur position, se ne sera pas un raspagem mais une saida (une sortie). Il m'explique que renverser ou sortir ne se fait pas grace a un mouvement mais grace a une suite de differants mouvements qui sont tous aussi importants les uns que les autres dans reussite de la technique.

Le lendemain, je me presente donc a l'academie pour m'entrainer. Apres qu'Eduardo Luna l'assistant de Malibu ai prodigué l'echauffement, Malibu arrive dans son Gi (kimono) recouvert de patches colorés et de logos. Comme la plupart des autres professeurs de jiu jitsu, Malibu n'a pas de plan de cours en tant que tel, il décide des techniques qu'ils va expliquer en début de cours en fonction des élèves présent et des besoins de ceux ci. Aujourd'hui Malibu décide de travailler des mouvements de base dans la mesure ou il n'y a que trois autres éléves au cours en plus de moi et nous sommes tous ceintures blanches (il y a aussi Raphaël, un garcon de 14 ans ceinture verte). Tout d'abord, il nous montre comment se défendre contre un coup de pied et ensuite la façon de donner un coup de pied dans le style jiu jitsu (l'objectif de ce coup de pied n'est pas de blesser l'adversaire mais plutôt de créer une ouverture pour arriver au clinch.) Ensuite Malibu nous enseigne 2 techniques a partir de la garde, d'abord un renversement en utilisant un pied comme un "crochet", suivi d'une technique de "chave de braço" (clef de bras).

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Nous passons ensuite à la partie combat, Malibu m'appelle pour tourner avec lui. Un moment donné il du tenter 2 fois une clef de bras pour me finaliser. je n'en n'etais pas peu fier, sachant qu'en plus d'un avantage de poids de 13 kilos et ses 20 ans d'expérience, Malibu est un brillant competitieur. Il a entre autres obtenu la médaille d'or en 1996 aux Pan-Americans et fut champion du Championnat Carioca 1996 et 1997. J'ai eu par la suite encore plusieurs autres occasions de tourner avec Malibu, bien sur a chaque combat toutes mes tentatives d'attaque sur lui furent vaines, mais bon je ne m'attendait pas non plus a faire taper une ceinture noire quand j'ai deja du mal a le faire avec des ceintures blanches plus jeunes et plus legeres que moi....

Pourquoi Rapahël est il ceinture verte, est ce plus haut ou plus bas que la ceinture bleue ? Malibu m'explique : le systeme de graduation des ceintures est differant pour les enfants, la ceinture verte est le plus haut grade qu'un enfant puisse avoir. Si il estime en avoir les capacités un enfant peut venir s'entrainer avec les adultes, il y a beaucoup de cours ou il y a une grande mixité d'ages et de grades (a ce propos j'ai participé à plusieurs cours, ou il y avait des enfants de10 ans qui s'entrainaient aux côtés d'adultes qui avaient remportés des médailles d'or au Mundial en marron ou noire! Ce n'était pas typique, mais ce n'est pas rare non plus. Le fait est qu'il n'y a pas de ségrégation dans une academie de jiu-jitsu. Le jiu-jitsu est très démocratique, comme me l'expliquera Mario Sperry, trois ans plus tard) Lorsque l'enfant acquiert une certaine taille, de la force et de la maturité, en d'autres termes, lorsqu'il apparaît qu'il est capable de rivaliser avec des adultes il est promu ceinture bleue. Parfois un enfant a toutes les qualitées requises pour s'entrainer avec une ceinture bleue, exepté quelques kilos, ce qui fait que parfois il sera debordé par une ceinture blanche adulte beaucoup plus lourd que lui. Mais c'est comme ca, personne ne lui fera de cadeaux et il le sait. Le jiu-jitsu a été conçu pour permettre aux petits gars avec plus de technique de battre des plus grands gars avec moins de technique. Donc pas d'excuses. Bien sûr dans ce cas le grand gars connait également le jiu-jitsu. Si votre adversaire sait ce que vous allez faire, il est forcement plus difficile de le surprendre.

Un jour, un jeune enfant, de peut-être 16 ans pesant 55 kilos ceinture bleue tournait avec une ceinture blanche adulte qui devait faire au moins 20 kilos de plus que lui. L'enfant fit une erreur et est etranglé avec un mata leão (etranglement arriere). Personne ne le consola en lui disant, "Oui mais bon, ton adversaire est plus lourd que toi et il en connait certainement autant que toi sur le jiu jitsu". Non au lieu de cela, les autres l'ont raillés, et Malibu lui a même dit, "Comment as tu laissé une telle chose se produire?" Ce sont pourtant des choses qui arrivent que des ceintures bleues "tapent" coccasionellement contre une ceinture blanche plus grande et plus forte (habituellement des ceintures blanches qui sont sur le point de passer bleue). Bien sur pour le serieux du systeme de graduation des ceintures cela ne doit se produire qu'occasionellement . La peur de "taper" contre une ceinture blanche est une chose qui touche surtout les nouvelles ceintures bleues les quelques semaines qui suivent leur promotion car c'est le moment ou c'est le plus susceptible de se produire. (le fait d'etre particulièrement réticents au fait de "taper" aux cours des premieres semaines qui suivent l'aquisition de leur ceinture, est probablement ce qui explique la "jinx" (poisse) des ceintures bleues qui se traduit par un pourcentage supérieur à la normale des taux de blessures). D'un autre coté cette peur provoque aussi chez eux une forte motivation pour progresser.

En jiu jitsu la couleur de la ceinture a une vraie signification, en regle general une ceinture violette est sensée en savoir plus qu'une ceinture bleue. Bien sur il y a toutefois parfois des exeptions, par exemple une personne qui apprends un rythme extrêmement rapide, une personne qui est bleue depuis 10 ans ou une personne qui a une grande experience passée en judo etc...Un jour, j'observais le cours de l'après-midi, donné par Fernando Magrão (le jeune frere Fabio Gurgel.) Un jeune gars ceinture bleue tournait avec une ceinture marron. La ceinture bleue étrangle la ceinture marron, non pas une fois, pas deux fois, mais trois fois. La ceinture marron l'a regardé surpris la première fois, étourdis la deuxième fois, et dévasté la troisième fois. C'était un de ces événements anormaux. Moins de deux ans plus tard, cette ceinture bleue portait une ceinture noire (Tatame magazine décrit sa nouvelle ceinture "cai bem" bien ajustée), et au Mundial 1999, il a battu deux des meilleurs competiteurs (Mario Sperry et Roberto Magalhães ) Pour gagner la médaille d'or en absolute. Son nom: Rodrigo "Comprido" Medeiros.

Malibu aime parler de jiu jitsu d'ailleur il a beaucoup de choses a raconter sur ce sujet. C'est logique, cela fait plus de vingt ans qu'il pratique et il a pratiqué avec les légendes du jiu-jitsu. Malibu a commencé le jiu jitsu avec Rolls Gracie, le fils de Carlos, le neveu de Helio, cousin de Royce, Rorion, et Rickson. Lorsque Rolls est décédé en 1982, dans un accident de delta-plane, Malibu s'est alors entrainé avec Rickson (considéré comme le plus fort de la famille Gracie) jusqu'à ce que Rickson ne déménage aux États-Unis en 1989. Malibu ensuite c'est entrainé avec l'un des meilleurs élève de Rolls ( l'un des cinq à avoir recu sa ceintures noires des mains de Rolls.) Jacare. J'ai eu quelques moments de confusion jusqu'à ce que je réalise que Jacare était en fait le surnom de Romero Cavalcanti fondateur et co-propriétaire de l'académie Master Jiu-jitsu.

Pendant sa jeunesse Malibu c'est aussi entrainé avec la plupart des jeunes Gracie: Royce, Royler, Renzo, Ralph, et leurs cousins les Machado. Les Gracie sont nés avec un kimono explique Malibu et c'est a peine exagéré car il existe un film en 8mm ou l'ont voit Rorion et ses frères faire des projections sur un tatami a un age ou ils devaient a peine avoir fini de mettre des couches.

Malibu, a l'époque n'as tu jamais imaginé que le jiu-jitsu deviendrait ce qu'il est devenu aujourd'hui? "Jamais", dit il "Il était notre vie. Nous ne vivions que pour le jiu-jitsu. Il etait notre travail, notre famille. L'académie etait notre maison ". le Jiu jitsu etait pour nous ce que l'eau est pour le poisson.
En ce moment les lutteurs américains semble être dans tout les esprits. Ce sont les gars à battre, ils l'ont dit. Si ils sont assez bons, ils peuvent nous poser des problèmes, explique Malibu. Une ceinture blanche qui écoute dit, "Mark Kerr a le bras plus gros que ma jambe". Il s'agit là d'une plus ou moins exacte déscription des bras de Kerr. Kerr a récemment battu l'ami de Malibu, Fabio Gurgel. "J'étais là", dit il. «Je n'ai pas aimé voir Fabio perdre". Les juges ont donné la décision a Kerr. Mais Kerr n'a pas fait taper Fabio. "Comment un gars qui fait 30 kilos de plus que vous peut se dire meilleur si il n'est pas capable de vous finaliser ? Ok Fabio n'a pas gagné", Malibu l'admet, mais comment pouvez-vous dire que Kerr a gagné? (en fait, Fabio a admis que Kerr "a gagné le combat" ). Le problème c'etait les regles. Les lutteurs n'essayent meme pas de passer la garde. Dans ce cas, d'autant plus qu'ils ne portent pas de kimono, il n'y a pas beaucoup d'attaque, que vous pouviez faire.
C'est vrai, les lutteurs ne pratique pas de la meme facon. Les lutteurs ne combattent pas en kimono. En Vale tudo le contexte est à leur avantage. Le jiu-jitsu a été conçu pour l'auto-défense contre de plus grands, de plus forts adversaires, mais pour battre un lutteur olympique de 30 kilos de plus que soit avec avantage "surnaturel" de force (comme quelqu'un l'ajouté), qui ne fournit meme pas de vêtements utilisables comme levier, c'etait peut-être trop demander.

Pour voir du véritable jiu-jitsu (par opposition au vale tudo et a la self défense), m'explique Malibu tu dois aller voir un tournoi de un jiu-jitsu. Justement, une competition allait avoir lieu. Une competition entre élèves des differantes academies Alliance allait se tenir ce week-end pour sélectionner ceux qui allait representer l'équipe Alliance. Master Jiu-jitsu faisait partie des academies Alliance, le réseau d'écoles administré par Jacare. Fabio Gurgel viendrait de São Paulo, où il avait créé une nouvelle academie. Fabio ne combatterait pas mais viendrait avec son meilleur élève Leozinho tout récemment promu ceinture noire. A voir Leozinho on aurait pu croire qu'il serait plus à l'aise devant un ordinateur que sur un tatami. Mais quand il affronta Ratinho qui bien que plus petit, ressemblait lui à un combattant, avec un corps musclé et tracé . Je me rendis compte qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Leozinho rentra dans Ratinho comme un couteau chaud dans du beurre.
Le jeune ceinture bleue de tout a l'heure était là aussi...

Le tournoi avait lieu à l'Université Gama Filho, Je m'y rends avec Malibu dans sa vieille VW coccinelle, nous accompagnent Jorge Guimaeres (une ceinture noire et producteur de l'émission de télévision Passando a Guarda), et plusieurs autres combattants d'Alliance, dont Leo Branco et Robert Traven. Malibu m'explique les règles, qui sont simples en théorie, mais qui laisse aussi beaucoup de place à l'appreciation de l'arbitre, ce qui donne parfois lieu a des controverses. Les combats commencent debout (comme en judo et en lutte). Deux points sont accordés pour une projection ou un take-down (queda). Une fois au sol, deux points sont accordés si on controle l'adversaire avec le genou sur le plexus (joelho na barriga) ou si il renverse (raspagem et inversão da Guarda), trois points pour passer sa garde (passagem da Guarda), et quatre points pour la monte ou prise du dos (montada et Costa). Des points sont également accordés lorsque l'on est tout proche de reussir quelque chose (vantagem), ces points sont nécessaires quand le combat est tres serré. Les points de pénalité (punicão) sont déduites pour violations des règles, le plus commun est le "décrochage".

En ceinture noire les combats durent 10 minutes. En ceinture marron 8 minutes, et en violette, le bleue et le blanche ils durent respectivement 7, 6 et 5 minutes. Le combattant qui contabilise le plus de points à la fin du combat, gagne, à moins bien sur qu'un des combattants n'aie forcer l'autre a abandonner suite a une soumission. Cela ne se produit pas souvent. Peut etre parce que les combattants manquent de technique.(C'est ce que pense Rickson.) Peut-être parce que en jiu-jitsu les techniques défensives sont très efficaces. Ou peut-être parce les combattants qui s'affrontent sont d'un niveau tres proche. Quelle que soit la raison, les gars qui soumettent regulierement leurs adversaires sont très admirés ont les appelles des "finalizadors".

Il n'y avait pas beaucoup de "finalizadors" dans cette compétition. La plupart du temps pendant les combats, on aurait dit qu'il ne se passait rien, mais les spectateurs etaient attentifs. Il ne fait aucun doute, qu'ils connaisaient les différentes positions et l'importance des mouvements subtils. Les combats avec le moins d'action apparente suscitaient le plus d'enthousiasme. Le fait que rien ne se passe, mais qu'on sente que quelque chose allait se produire, mettait le public en trance . Le combat le plus palpitant fut un combat entre deux ceintures noires. Le combat commenca, comme la plupart des combats, un des combattant sauta et placa ses jambes autour de l'autre la taille de l'autre. Beaucoup de combattants aiment cette position, car elle leur donne la possibilité de marquer deux points grace a un renversement et aussi de tenter des etranglements ou des clefs, alors que pour le combattant du dessus la seule facon de marquer des points est de passer le garde. Pendant 9 minutes et demi, les combattants resterent dans cette position, celui au dessus essayant de passer la garde,et celui d'en dessous essayant de renverser l'autre, mais aucun ne parvint a ses fins. A quelques secondes de la fin il se passa quelques chose, je vis le combattant qui etait en dessous tourner la tete et parler a ses entraineurs. C'est ce moment qu'il choisit pour renverser son adversaire et ainsi gagner deux points, le match, et le titre....
Ce que j'ai trouvé d' atypique dans ce combat c'est le fait que la victoire ne se decide qu'a quelques secondes de la fin sur un mouvement et ce de facon tres subtil. Tres technique me dirent les bresiliens...

Sur la route qui nous ramenait Eduardo, Malibu et moi meme vers Ipanema, je demande a Malibu qui est au volant : " Elles signifient quoi ces lumieres rouges ?" pointant du doigt les feux de signalisations. "Elle signifient la meme chose qu'au Etats-unis" me repond il ettonné par ma question. "c'est étrange, aux Etats-unis elles signifient qu'il faut s'arreter" lui dis je. "C'est ce qu'elles signifient aussi au Brésil" me repondit il....Apparement mon sens de l'humour etait trop tordu. Parce que depuis que nous roulions Malibu avait bruler un a un tout les feux rouges qu'il y avait sur notre route..... En fait, je n'étais pas sûr que j'allais survivre a ce voyage. Eduardo lui n'était pas inquiet. Il semblait habitué.

De retour à l'academie le lendemain, je regardais un grand mec ceinture bleue, un champion d'état, tourner avec une ceinture blanche qui semblait en connaître assez pour offrir une bonne résistance, mais pas suffisamment pour être en mesure de menacer l'autre. À un moment donné la ceinture blanche attrape la tete de la ceinture bleue la tire pour tenter un headlock et se place dans une position qu'on appelle en japonais "Kesa gatame". C'est une position très rare au Brésil me dit Malibu. A bon Pourquoi ? (cela ressemblait à une position que j'avais vue cent ou mille fois dans des bagarres de cours d'école et dans les bagarres de rue aux USA. Un des gars enroule son bras autour de la tete de son adversaire) quand on est au sol il semble que c'est une bonne technique, du moins pour immobiliser un adversaire.

Non me reponds Malibu, trop facile de sortir ou de renversé. Pourtant cela ne parraissait pas trop facile pour la ceinture bleue, qui se debattait pour tenter de sortir de la position. Finalement il reussi a renverser son adversaire en utilisant "o grossuro" (ce que les Brésiliens appelle de la force sans technique). En realité il aurait pu renversé son adversaire facilement et techniquement si il avait l'habitude de travailler a partir de ce cas de figure. Mais comme cette situation est soit disant facile, il ne prend pas la peine de la travailler et a tout le mal du monde a en sortir lorsqu'elle se presente.

Cela m'evoque un paradoxe. Si vous savez défendre et surtout contrer une attaque, l'adversaire ne la tentera pas, la probabilité de succès étant trop faible, le coût trop élevé en conséquence. A partir du moment ou il n'attaque pas, vous ne defendez plus. Mais si vous ne defendez plus il devient alors attrayant pour lui d'attaquer. Si bien savoir defendre empeche les attaques d'aboutir. La clef est donc la défense. Mais d'un autre coté le fait d'attaquer sans cesse son adversaire l'oblige à se focaliser sur sa défence, ce qui donc l'empeche de faire autre chose, y compris attaquer lui meme. Donc, l'attaque est une forme de défense.

Comme la plupart des arts martiaux, le jiu-jitsu a commencé comme une forme d'auto-défense. Le jiu jitsu dans sa forme sportive comme nous pouvons le voir en competition est quelques chose de tres recent. Quand un art martial existe sous deux formes, l'original auto-défense et une forme sportive avec des règles et des points pour determiner le «gagnants», l'efficacité de l'auto-défense peut être sacrifié à l'efficacité à marquer des points dans les regles definies de la competition. A mon avis les Brésiliens ne travaillent pas cette position "kesa gatame" et ses sorties, non pas parce ce qu'elle n'est pas efficasse (car elle l'est). Ils n'utilisent pas cette position parce qu'elle n'offre pas de points en competition. En jiu jitsu vous ne marquer pas de points en immobilisant votre adversaire (contrairement au judo et a la lutte). De plus, vous ne pouvez pas vraiment attaquer votre adversaire a partir de cette position (la seule attaque serait une clef d'epaule appliqués avec les jambes). Pour cette raison, personne n'utilise cette position et donc ne travaille ses sorties.

Meme si vivre et s'entrainer à Rio est tres bon marché, vous ne pouvez plus rester si vous n'avez plus d'argent, et sans visa et autorisation, vous ne pouvez pas y travailler et donc gagner de l'argent (bien que, comme beaucoup de gens disent la bas, il ya beaucoup de choses en Brésil qu'on ne peut pas faire et que pourtant tout le monde fait). Malibu m'a encouragé a continuer de m'entrainer. "Tu es à mi-chemin de la faixa azul" (ceinture bleue). Mais voila je pars pour au Japon. Je serai à jamais une ceinture blanche. Sauf si un miracle se produit. Ou que je reviens au Brésil...

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