samedi 27 avril 2013

Une femme échappe à un viol en plaçant un triangle !

Une femme de l'US Navy effectuait un arrêt shopping à Dubaï tandis que son navire était amarré au Port Khaled à Sharjah.
Pour retourner sur son navire, au lieu de monter dans un taxi, elle décide de prendre un bus. Or le chauffeur s'écarte de la route principale et se gare dans une zone déserte.
Le chauffeur rejoint la passagère et tente de l'embrasser. Alors qu'elle le repousse, il sort un couteau et menace de la tuer si elle continue à se débattre.
La passagère par peur du couteau coopère mais lorsque l'agresseur tente à nouveau de toucher sa poitrine, elle en profite pour désarmer le chauffeur et lui placer un étranglement en triangle.
Une fois l'agresseur inconscient, la passagère quitte le bus et retourne sur son navire ou elle signale l'incident à son supérieur.
 

Source:
http://www.thenational.ae/news/uae-news/courts/off-duty-us-navy-sailor-thwarts-dubai-rape-attempt-with-leg-stranglehold

http://gulfnews.com/about-gulf-news/al-nisr-portfolio/xpress/female-us-navy-sailor-escapes-rape-1.1175039





















Comment plier un kimono de JJB en 3 minutes !

Plutôt que de mettre votre kimono en boule, pourquoi ne pas plutôt le plier de façon à ce qu'il ne prenne moins de place et ressemble à la photo ci dessous :
Le kimono de JJB est plié

On peut même y rajouter la ceinture
Double noeud autour d'un kimono plié prêt à être rangé dans son sac
et ainsi pouvoir se passer de sac de sport pour transporter son kimono !

C'est rapide, jolie (votre kimono à quand plus de gueule plié comme ça que n'importe comment dans votre sac) et en plus on ne se retrouve plus avec un sac de sport plein à craquer.

toutes les explications sur le lien ci dessous !
http://www.espritjjb.com/comment-plier-un-kimono-de-jjb

samedi 20 avril 2013

-ZOCA: La vie et le jiu-jitsu dans les deux Brésil.

Image IPB

Je fus dans un premier temps méfiant quand le type au teint clair qui tournait autour de ma table du Beachside Café sur l'Avenue Atlantica me dit "good morning" en anglais. J'avais déjà un kimono Krugans et un Machado et je n'avais besoin de ne rien acheter d'autre, particulièrement rien qui pouvait être trouvé dans un magasin approvisionnant les "gringos" (touristes). Mais vu qu'il était là, je décidais de voir ce qu'il avait à m'offrir. Contrairement aux Thais et aux Coréens, les Brésiliens ont tendance à être assez cools et compréhensifs si ils se rendent compte si que ce qu'ils ont à vous vendre ne vous intéresse pas. Ils se rendent également très bien compte des problèmes que connaît le Brésil et ne voient pas la raison de nier l'évidence face aux visiteurs étrangers.

Je demandai donc à Alexandre car c'était son nom, s'il avait entendu parler de la famille Gracie. "Mais bien sur, man" ; me dit-il. Au Brésil on a pas beaucoup de "winners" ; donc à partir du moment ou quelqu'un gagne au Japon, tout le monde le connaît ici. En fait me dit-il : "Le type avec qui je travaille au magasin pratique le jiu-jitsu, il est ceinture noire et connaît Rickson Gracie personnellement". Si cela me paru douteux au premier abord, Je me dis qu' a Rio, c'était bien possible.


Zoca

C'était Zoca. Il était allé à l'Anglo-American High School à Botafogo avec Rickson.

Zoca connaît Rickson. Pourquoi pas ? Rio est une petite ville et dans le mileu du jiu-jitsu tout le monde connaît tout le monde, même si parfois on ignore le nom réel des gens. Par exemple le nom réel de Zoca est Mario, mais Rickson ne le sait pas.

Comme Rickson, Zoca avait appri le judo chez George Mehdi à Ipanema aux début des années 80. Ils voulaient tous apprendre le judo afin de pouvoir participer au compétitions de judo, me dit Zoca. Les mecs du jiu-jitsu voulaient quelque chose de plus stimulant que répéter des techniques de défenses contre des attaques qui ne se produiraient probablement jamais. Bien que tourner ai toujours été un élément de l'entraînement du jiu-jitsu, tout ceux avec qui j'ai discuté s'en rappellent (bien que je ne l'ai pas spécifiquement demandé à Alvaro Barreto, qui est dans le milieu depuis 40 ans, ou à Mehdi qui s'était entraîner à l'académie d' Helio et de Carlos sur Rio Branco de 1949 à 1952) il est clair qu'a cette l'époque le jiu-jitsu était loin d'être le sport organisé tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Zoca était du même avis que les autres à propos de Mehdi: C'était quelqu'un de très fort, craint par tous, et comme cela me l'avait déjà été répété plusieurs fois c'était une véritable encyclopédie humaine de techniques de soumission (Mehdi m'avait dit qu'il avait appris ses techniques au Japon pendant les années 50). Est il possible que plusieurs, probablement même la plupart des techniques de jiu-jitsu employées par les Gracie et leurs étudiants aient été introduites par les types qui les ont apprises de Mehdi ? Demandais-je à Zoca. "Très possible" ; me dit il.

Zoca est d'accord avec beaucoup d'autres qui n'enseignent pas le jiu-jitsu professionnellement que le boom a été une bénédiction mitigée. Des mecs apprennent quelques techniques, pensent tout à coup qu'ils sont les rois de la plage, commencent à enseigner aux enfants dans les banlieues, se bagarrent dans la rue. Ce n'est pas bon "Bien sûr, tout le monde veut se tester, voir si il est capable de placer les techniques qu'il connait, mais il faut le faire dans le dojo avec un adversaire qui est prêt et disposé à faire de même. Attaquer un mec naïf dans la rue ne prouve rien".

Il ne visait personne en particulier, mais le nom de certains combattants de Carlson sortait de temps à autres. "Bien sûr, Fernando Pinduka était un "heroi" sur le "ringue", mais il avait un caractères spécial". Pourquoi ? Il avait tendance à aimer rosser les gens. Le succès des combattants du jiu-jitsu dans le Vale Tudo a rendu le jiu-jitsu populaire, mais ce n'est pas très bon que les jeunes essayent d'imiter ces gars là. Le Brésil a déjà assez de problèmes comme ca... dit-il.


Zoca avait obtenu un MBA (Master of Business Administration) à New York et y avait travaillé pour Merrill-Lynch avant de retourner à Rio. Il parlait couramment l'anglais et avait beaucoup à dire sur l'économie du Brésil et les ses problèmes sociaux.


Les pauvres

Le principal problème est qu'il y a trop de pauvres. Ces gens sont pauvres du fait de l'époque et l'endroit où ils sont nés, et ça n'aide pas les choses que les politiciens et autres gens riches et corrompus essayent de leur soutirer le peu qu'ils possèdent. Quand de l'argent est alloué pour quelque chose comme un projet d'irrigation dans le nordeste, les pauvres n'en bénéficient pas, car les riches propriétaires fonciers siphonnent les fonds, au sens figuré, et parfois l'eau aussi, littéralement. Qu'est-ce qui pourrait les arrêter? A partir du moment ou vous avez de l'argent au Brésil, vous pouvez tout vous permettre, y compris le meurtre. Le tribunal via votre avocat mettra le dossier "en attente" dans un tiroir jusqu'à ce que toute personne qui s'en soucie abandonne, oublie ou disparaisse... Ou alors vous pouvez payer la police, en premier lieu. En fait, vous pouvez même les engager pour faire le coup pour vous. "Cela vous parait cynique" me dit il, "Mais c'est vrai".

Parfois, la police anticipe plutôt que de réagir aux tendances criminelles en tuant tout simplement des gens, des enfants des rues en général, qui pensent ils peut-être un jour seront un problème. Bien sûr, ils ont raison. Ces enfants seront probablement un problème. Sinon, comment vivront-ils? [Tobias Hecht fait valoir que la police ne tue plus les enfants des rues. Les enfants des rues se font toujours tuer en nombre extraordinairement élevé, mais ils sont habituellement tués par d'autres enfants des rues, parfois avec un peu l'aide indirecte de la police]. La police fait également régulièrement des descentes dans les favelas à la recherche des barons de la drogue. Invariablement, le lendemain les journaux publient des photos de cadavres jonchant le sol et recouverts d'une couverture. Les trafiquants de drogue sont généralement assez chanceux, assez intelligents, ou assez bien informés pour ne pas être parmi eux. La police voit les choses différemment. Ceux qui ont été tués avaient sans doute déjà commis un crime dans le passé, et si ils n'en avaient pas encore commis, ils en commettraient certainement un dans l'avenir...

En fait selon les personnes qui y sont allées, la plupart des favelas sont en fait des endroits assez sûr, sauf lorsque la police débarque...


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Les gens pauvres n'ont pas grand chose, mais ils ne semblent pas malheureux, dis-je. En moyenne l'habitant des favelas de Rio de Janeiro de la Zone Sud a une qualité de vie meilleure que la moyenne des gens de la classe moyenne à Tokyo, à bien des égards, il me semble. Je vois plus de gens à l'aspect misérable en un jour au Japon que j'en ai vu en 32 semaines au Brésil. "Peut-être dans la zone Sud", me dit Zoca, mais pas dans la plupart du reste du Brésil, Les pauvres gens vivent entassés dans des baraques fragiles et s'entassent dans les favelas, car cela ne coûte pas cher de vivre dans une favela. Ils ne peuvent pas se permettre mieux parce qu'ils n'ont pas d'argent, vu qu'ils ne peuvent obtenir de bons emplois bien rémunérés parce qu'ils n'ont pas assez d'éducation et ils ne peuvent pas obtenir assez d'éducation parce que leurs écoles sont "de la merde." Zoca et Alexandre, qui s'était joint à la discussion, estiment que les enseignants des écoles publiques gagnent entre 300-500 reais par mois, tandis que les enseignants des écoles privées, comme ceux qui ont enseignés à Zoca et Rickson à l'école anglo-américaine, s'assurent entre 1800-2000 reais. "Vous pensez qu'un bon professeur va enseigner dans une école de favela si il peut enseigner dans une école privée?" Demande rhétoriquement Zoca. Il dessine un schema et le commente, «Le Brésil est deux pays. L'un est petit riche et blanc et l'autre est grand pauvre et noir." Zoca n'était pas la première personne à faire cette observation, et il ne sera certainement pas la dernière. La majorité pauvre du Brésil ne sera plus pauvre, selon certains analystes, lorsque les gens riches du Brésil renonceront volontairement à leur monopole sur les richesses de la nation. Ce ne serait pas facile à faire, même s'ils voulaient le faire. Selon d'autres, si cet événement improbable avait lieu un jour, il aurait tout simplement pour conséquence de rendre tous les Brésiliens pauvres, et les pauvres, paradoxalement, encore plus pauvres qu'ils ne le sont aujourd'hui, et probablement plus malheureux.


Sombre vision

Comme la plupart des autres Brésiliens, Zoca semblait presque prendre plaisir à peindre un tableau sombre du paysage socio-économique Brésilien. Il semblait assez crédible, mais une personne riche peut elle vraiment savoir ce qu'est la vie d'une personne pauvre? Peut-être, si elle même autrefois a été pauvre aussi, comme dit Zoca, devenir riche est un fantasme plus qu'une possibilité. De jeunes hommes pensent qu'ils peuvent y arriver en devenant un héro du "futebol", sans se rendre compte que les quelques personnes qui jouent au ballon assez bien pour mériter une place dans une équipe gagnent en tant que joueur moyen de futebol moins de 1.000 reais par mois. Ce n'est pas mal, mais ce n'est pas beaucoup non plus, et la carrière des joueurs de football est brève. Les meilleurs emplois disponibles pour la plupart des jeunes hommes de race noire sont: le vole de voiture, la vente de drogue et l'enlèvement et la séquestration de gens riches. "Il faut réelle capacité d'organisation pour réussir avec succès un "sequestrão", déclare Zoca. Le pire c'est que certains de ces gars-là pourraient réussir de bonnes choses dans le monde du business "légal" si ont leur donnait leur chance.

On dit souvant que le Brésil est une démocratie raciale. Et comme beaucoup d'autres choses qui sont souvent dites au Brésil, personne ne le prend très au sérieux. La seule chose qu'on peut dire au sujet de problèmes raciaux au Brésil est qu'ils sont différents de ceux de l'Amérique, surtout parce que le Brésil et son histoire sont différentes de l'Amérique et de son histoire. Les Brésiliens ont tendance à considérer la race (Raça) comme une question de couleur, et les variations subtiles dans les tons de couleur, plutôt que l'appartenance ethnique ou à l'héritage génétique. (Ils prêtent également attention à la frisure des cheveux et l'épaisseur des lèvres). En théorie, cela fait une différence. Dans la pratique, la différence est faible. En Amérique, les "noirs" en tant que groupe ont moins que les "blancs". Au Brésil, les gens les plus sombre en tant que groupe ont moins que les plus clairs.

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Une famille sans toit

Une famille de Brésiliens sans-abri, récemment arrivé de Bahia, avait décidé de camper sous ma fenêtre au deuxième étage au n° 23 Rua Raul Pompeia. Ils étaient là tous les soirs pendant deux semaines. Je leur donnais quelques reais quand je rentrais le soir, des chemises de rechange lors nuits fraîches et du pain, des fruits ou de l'eau quand je pouvais. J'avais amené quatre coûteux harmonicas diatoniques du Japon pour offrir en cadeau. Le Bluesman American Junior Wells à évité la vie statistiquement typique d'un jeune homme dans les centres urbains de l'Amérique en ayant reçu un harmonica en cadeau d'un juge bienveillant (Junior avait été attrapé en train de voler car il n'avait pas assez d'argent pour en acheter un.) J'imaginais déjà mon voisins sans-abri du dessous former un groupe et gagner un revenu honnête en jouant des mélodies de samba sur une plage ou au coin d'une rue. Ils étaient fascinés par le son de l'harmonica quand j'ai joué quelques riffs de Little Walter comme "Juke" et "Off the Wall". Je leur ai donné les quatre harmonicas. Ils se les disputèrent entre eux et passèrent ensuite une dizaine de minutes à souffler dedans puis subitement perdirent tout intérêt pour l'instrument (comme la plupart des peuples du monde entier qui tentent d'apprendre à jouer d'un instrument de musique).

Finalement, ils ont commencé à se sentir trop à l'aise, en restant éveillés très tard et se chamaillant sur une chose ou une autre. D'autres sans-abri venaient leur rendre visite, certains avec des bouteilles de cachaça, et de temps en temps un ou deux des plus aisés enfants du voisinage local aussi, eux semblaient par contre préférer les chiffons imbibés de diluant à peinture. Une nuit, quelqu'un versa un seau d'eau sur eux de l'un des appartements au-dessus du mien. Le lendemain, ils déménagèrent quelques pâtés de maisons plus loin, vers Ipanema, en face du supermarché Zona Sul.

Les résidents ne veulent pas être trop incommodés, mais ils ne sont pas insensible et offrent parfois des boîtes pleines de vêtements ou de nourriture aux sans-abri. (Généralement il prennent leur voiture et vont distribuer dans d'autres quartiers que le leur, sans doute pour éviter de fournir une incitation pour les sans-abri en place de rester, et à de nouveaux sans-abri de venir s'installer dans leurs quartiers.) Peut-être veulent ils juste se débarasser de choses dont ils ont plus besoin, mais quand même, ça aide. Les Brésiliens sont réalistes. Ils ne croient pas que n'importe qui peut réussir ce qu'il veut dans la vie, uniquement grace a sa volonté et la force de son esprit. Certaines choses ne sont pas sous contrôle humain. Les pauvres sont pauvres à cause de qui étaient leurs parents, ce qui a été déterminé par Dieu, non pas par quoi que ce soit qu'ils aient eux-mêmes fait, pas fait, auraient pu faire, ou pourraient faire. Les choses sont comme ca. Les pauvres ne sont pas pauvres parce qu'ils ont des défauts de caractère (tels que la paresse ou l'incapacité à obtenir un diplome) ou parce qu'ils ont fait quelque chose de mal dans une vie antérieure. Ils ne méritent pas d'être pauvre. Ils le sont tout simplement.



La réponse

Zoca pensait avoir la réponse: "Plus d'éducation." Bien sûr, cela exige de meilleures installations et des enseignants, ce qui coûte de l'argent. Et d'où viendra l'argent? Les pauvres n'en ont pas, évidemment. La réponse est évidente. Étant donné que les pauvres ne peuvent pas payer, les gens riches n'ont qu'a le faire. Puisque le problème et la solution sont si évidents, pourquoi la solution n'a-t-elle pas été mise en œuvre, et le problème ainsi résolu? Parce que, m'explique Zoca, bien que les Brésiliens riches paient de lourds impôts, mais l'argent va à d'autres Brésiliens riches, ou même revient dans leurs propres poches sous forme de subventions et de loyers. Très peu de cet argent aide les 87 à 90% des 164 millions de Brésiliens qui ont besoin de l'aide. Je me doutais que la fraude fiscale et la corruption politique ne font pas beaucoup pour aider les pauvres du Brésil. Mais je me demandais si dépenser beaucoup d'argent pour l'éducation permettrait de faire mieux que de produire un grand nombre de bien-instruits chômeurs, qui peut-être eux ne se satisferaient pas de la plage, du carnaval, de la samba, du beau temps et des belles vues de la ville.

Zoca s'entraîne encore, mais ne fais plus de compétition. "La compétition c'est bien, mais ce n'est pas tout. Tout le monde ne ressent pas le besoin de participer." Un moment, il m'invita à m'entraîner. A ce moment nous n'étions pas n'importe où, mais justement à coté d'une académie, cela traduisit bien une certaine façon de penser. Les gars du jiu-jitsu supposent que si vous êtes intéressé par le jiu-jitsu, vous souhaitez forcement tourner. Pour eux, le jiu-jitsu sans tourner n'est pas le jiu-jitsu. Et c'est précisément pour cette raison, comme quelqu'un l'a déjà dit, le jiu-jitsu règne encore.

-MEHDI: Un irreverent, iconoclaste, révisionniste sur l'histoire des Gracie.

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J' étais déja passé de nombreuses fois devant l'Académie de Judo de Mehdi au 411 de la rue R. Visconde de Piraja à Ipanema. Sylvio Behring me recommenda de rencontrer Mehdi. De nombreuses autres personnes me l'avait déja suggérer en disant. "Mehdi sait tout. Il il a toujours été là" ou quelque chose du genre.

Un jour en fin d'après-midi, je décidais d'y aller. La porte de son Académie était ouverte. Mehdi faisait la sieste sur le tatami, je frappe alors sur le mur pour lui faire savoir que je suis là, mais il savait déjà. Je lui dit que je vivais au Japon et que je voulais voir comment le judo etait pratiqué au Brésil. Cela lui plu.

Kastriot "George" Mehdi qui vivait dans la région de Cannes dans le sud de la France, était venu passez des vacances a Rio en 1949 et avait décidé d'y rester. Etudiant le judo en France, il voulait continuer la pratique de celui ci au Brésil. Si il y avait bien du judo à São Paulo du fait de la grande communauté d'immigrants Japonais qui y vit, à Rio, la chose qui se rapprochait le plus du judo était le jiu-jitsu.

L'entroit ou pratiquer était le 151 de l'avenue Rio Branco dans le district central, l'Académie de Carlos et Helio Gracie.

Mehdi s'inscrit.

A l'Académie, Carlos, Helio, Robson, Carlson, et les autres instructeurs mettaient surtout l'accent sur la lutte au sol parce que, disaient-ils, c'est plus efficace et plus réaliste. Dans un bagarre de rue ou une situation d'auto-défense, il fallait s'attendre a quatre choses. Tout d'abord, l'agresseur serait probablement plus costaud que vous. Deuxièmement, c'est lui qui allait attaquer. En troisième lieu, apres un échange de coups celui qui serait touché allait probablement s'agripper à l'autre pour éviter d'être touché un peu plus. Et quatrièmement, tôt ou tard, un ou les deux protagonistes allaient se retrouver au sol. Le système Gracie repose sur ces quatre hypothèses.
L'interprétation de Mehdi est différente. Les Gracie mettent l'accent sur le combat au sol parce qu'ils "ne savent pas comment projeter". Pourquoi salir vos vêtements, si vous n'en êtes pas obligé, dit Mehdi?

Mehdi estime qu'une bonne projection peut rendre le combat au sol inutile. Et même si la lutte se poursuit au sol, vous serez dans une bien meilleure position si vous venez de claquez votre adversaire au sol apres lui avoir fait faire un vol plané à deux metres de haut, peu importe la projection. Ukemi ou pas ukemi, ça fait mal.

Une projection correctement exécutée est aussi quelque chose de beau à voir explique Mehdi, alors que que garder quelqu'un entre ses jambes pendant toute la durée d'une bagarre ou d'un combat, est ok pour une femme en situation de survie de rue, mais est inconvenant pour un artiste martial entrainé. Romero Jacare ainsi que d'autres anciens élèves de Mehdi comme Sylvio Behring et Rickson Gracie, sont d'accord avec Mehdi sur certains points.
Toutefois me dit Sylvio, lorsque deux combattants combattent dans des règles qui les autorisent à rester dans la garde, il est inévitable que cela se produise. Ce problème est lié aux règles ou à l'arbitrage et pas aux techniques en elles memes. Mehdi etait entièrement d'accord. Ce sont les règles qui font du jiu-jitsu ce qu'il est et ce qu'il ne devrait pas être. C'est précisément ce qui ne va pas dans la discipline.

Il n'y avait pas seulement le fait que les Gracie mettent l'accent sur la lutte au sol que Mehdi n'appreciait pas, il y avait les Gracie eux-mêmes. "La bagarre et les mensonges. Je n'aime pas. Le Judo est sensé vous élever et faire de vous une personne meilleure, pas quelqu'un qui se bat dans la rue". Il cite comme exemple de mensonge l'épisode ou Helio Gracie avait annoncé qu'il entrainait un "champion" Français de judo. "C'était juste un débutant et pas un champion", dit Mehdi.

Toute personne qui regarde "Gracie in action 1 et 2" pourra avoir détecté un certain penchant de la part de Rorion pour exagérer les compétences et le statut des adversaires de sa famille et de ses "représentants". Dans la cassette, Rorion décrit les gars qui le défie ou qui ont accepté de le défier lui et ses frères aux États-Unis comme des "experts", des "maîtres", des "champions", ou tout au moins des "instructeurs". Alors qu'au Brésil, les Gracie décrivent généralement leurs challengers comme des palhaços (clowns).

Pour Mehdi le simple fait que les Gracie nomme leur art jiu-jitsu est une preuve de malhonneté. "C'est du judo" dit il.

Mehdi n'a pas pas tord en disant que les techniques de jiu-jitsu sont des techniques de judo. Mais les gars du Jiu-jitsu n'ont jamais pensés que leurs techniques venaient d'ailleurs. Au contraire, ils en sont fiers. D'ailleurs chaque récit de l'histoire des Gracie commence avec la rencontre de Carlos avec Mitsuo Maeda. Maintenant si effectivement vous pouvez voir beaucoup de techniques de jiu-jitsu sur de vieilles cassettes de Kosen Judo, vous ne verrez pas beaucoup d'entre elles pratiquées dans un dojo de judo. De plus, ce que vous ne verrez pas sur ces cassettes ou dans de vieux livres c'est la facon de les mettre en place. C'est là que les Brésiliens ont élevé le newaza à un niveau plus superieur.)

Mehdi abandonna l'étude du Gracie jiu-jitsu et se rendit au Japon immédiatement après la fin de l'occupation américaine en 1952. Il s'entraina entre autres avec Masahiko Kimura qui avait vaincu Helio l'année précédente. Il resta cinq ans au Japon en tant qu'étudiant à l'Université de Tenri à Nara. Le combat entre Kimura et Helio etait une farce (was a joke) me dit Mehdi. Kimura accepta de jouer le jeu pendant dix minutes de facon a en donner aux fans pour leur argent et ne commenca réellement à combattre qu'ensuite m'explique t il en imitant les déplacements et le jeu de jambes d' Helio pendant le match, exagerant sa maladresse. Apres treize minutes de lutte, Kimura finalisa Helio avec une clef d'épaule que les Brésiliens nomment maintenant "Kimura" en son honneur mais surtout n'appelez pas ca "Kimura" , me dit Mehdi c'est "ude-garami". Il y a aussi eu des discutions a propos de fixer le déroulement et l'issue du combat, mais l'ambassade du Japon avait prevenu Kimura que si il perdait, il ne serait pas le bienvenu de retour au Japon. Un certain degré de chorégraphie pouvait être accepté, mais pour le Japon si son plus grand champion venait à perdre contre gaijin (étranger) squelettique, ce serait trop.

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Un autre exemple qui prouve le gout des Gracie pour l'approximation en ce qui concerne l'exactitude des faits, me dit Mehdi est que Kimura pesait 80 kilos et non 100 kilos comme c'est habituellement mentionné (il me montre alors une photo de lui en compagnie de Kimura au moment du combat, ils semblent être de la même taille et du meme poids, et Mehdi fait environ 1m75 pour 80 kilos. D'un autre coté, Kimura pesait 86 kilos pour son dernier shiai à Tokyo en 1949. Il est possible qu'il ait prit quelques kilos au cours des deux années entre les combats.)

Mehdi, qui avait reçu son 8 ème dan du Kodokan en 1979, n'etait pas seulement une encyclopédie de la technique (selon Cleiber Maia, lui meme ceinture noire de judo et jiu-jitsu et champion du brésil de lutte). Il fut également un grand competitieur et domina le judo brésilien pendant des années. Mike Swain (dont l'épouse est brésilienne et originaire de Rio) se rendit au dojo de Mehdi juste après avoir remporté le titre de champion du monde 1987 en catégorie 71 kilos. Swain était donc en pleine confiance. Alors qu'il travaillait une projection, Mehdi corrigea son grip. Swain eu l'imprudence d'inviter, ou d'apres certaines versions, de défier Mehdi a lui montre cela dans une situation de randori. Mehdi projetta alors Swain qui traversa la piece pour atterir contre un mur d'en face (cette histoire m'a été racontée a la fois par Sylvio Behring et Cleiber Maia, sans que ni l'un ni l'autre ne se rappel du nom du champion américain de judo). Mehdi me raconta cette histoire sans oublier de me citer ce que Swain avait dit a ses étudiants, "voces não sabem une sorte que voces tem em serem alunos do professeur Mehdi, com todo conhecimento e technica" [vous ne savez pas comment vous êtes chanceux d'avoir un enseignant comme Mehdi, avec toutes ses connaissances et sa technique].

Mehdi était réticent au fait de parler des Gracie. Ce n'est un secret pour personne à Rio qu'il ne les aime pas. Pourquoi écrire sur les Gracie, Alors il y a tant de grands champions Japonais sur qui vous pourriez le faire m'interrogea-t-il? Parce que je suis en train d'écrire sur le jiu-jitsu Brésilien, lui dis je. "Pourquoi?" me demanda t il, visiblement perplexe sur le fait que cela puisse interesser quelqu'un. Il était aussi réticent à l'idée de parler de lui-même, pour cette même raison. En fait ce n'était pas le jiu-jitsu en tant que tel que Mehdi n'aimait pas. Il aimait par exemple beaucoup Marcello Behring. Un jour il me dit que Marcello était meilleur que Rickson au sol. Mais Sylvio me dira que ce n'est pas vrai en ajoutant "Il ne faut pas oublier que Mehdi aimait mon frère et déteste les Gracie..."

Mehdi aimait la mentalité Japonaise autant que les projections, les clefs, les étranglements et les immobilisations qu'il enseignait. Mario Sperry, un de ses anciens étudiants me dira: "J'ai appris énormement de Mehdi, et pas seulement du judo et du jiu-jitsu, mais d'autres choses, comme l'honneur et le respect".

Peut-être etait-ce la mentalité Brésilienne, qu'il n'aimait pas? Non, car meme si il trouvait que les Brésiliens étaient indisciplinés (comparé aux Japonais, qui ne l'est pas?), Mais il les aimaient bien. C'est la Gracies eux-mêmes, quil n'aimait pas, et en particulier leur mentalité : mensonges et bagarres.

Il pensait également qu'il était ridicule pour quelqu'un qui est simple ceinture noire de prétendre à enseigner quoi que ce soit à quiconque. "Au Japon, un enseignant a besoin de 20-30 ans d'expérience avant d'enseigner". Je ne lui ai pas dit qu'il existe des endroits ou des gens enseignent le jiu-jitsu avec une ceinture bleue... Pas à Rio bien sur. Si au Japon, les enseignants ont 20-30 ans d'expérience c'est parce que le Japon compte de nombreux bons judokas, tout comme Rio compte de nombreux bons jiu-jitsuka. Je suspecte egalement Mehdi de ne pas se rendre compte qu'en jiu-jitsu, une ceinture noire représente six, sept ou plus d'années d'études, alors que les ceintures noires de judo, du moins au Japon, sont régulièrement attribués en moins de deux ans, parfois moins d'un.

Malgré le fait que Mehdi n'a jamais aimé Carlos, Helio et leurs frères, il ne s'est jamais opposé à enseigner à leurs enfants ou leurs élèves. En plus de Rickson et des Frères Behring, Carlson Jr., Mario Sperry, Murilo Bustamante, Wallid Ismail et beaucoup d'autres ont passé du temps sur le tatamis de Mehdi . Selon un instructeur de jiu-jitsu (également ancien élève Mehdi), Rolls Gracie lui-même appris le judo chez Mehdi.

Pour Mehdi il etait acquis que je voulais m'entrainer. "Où est votre gi ?", me demanda t il. J'étais prudent, si en judo, le "ju" veux dire "souple", il n'y a rien de souple a se faire projeter sur la tête ou en arrière a deux metres du sol. Cependant, je voulais apprendre et mieux connaître Mehdi, et il semblait avoir hâte de me voir participer à un cours, donc je le fis.

Tout le monde m'avait dit que les cours de Mehdi étaient intenses. L'échauffement était suffisant pour vous éliminer à vous si vous n'étiez pas en top forme. Ayant assisté a un cours je peux le confirmer. Le cours était celui de 18h à 20h30. La première partie de 30 minutes est consacrée a l'échauffement, la deuxième partie à une nouvelle technique (ou la revision d'une connue). La troisième partie pour les uchikomi traditionnels (mise en place d'une projection sans réellement l'effectuer ) et la quatrième pour le Randori (sparring libre, l'équivalent de "tourner" en jiu-jitsu). C'est ce qui se pratique dans tous les dojo de judo partout dans le monde. Cela dure plus ou moins une heure, mais ceux qui veulent, peuvent rester plus longtemps et continuer leur pratique sous la forme qu'ils préfèrent. Certains arrivent plus tard, et ainsi peuvent commencer par ce qu'ils veulent. En d'autres termes, ils peuvent sauter l'échauffement si il veulent. Certaines personnes arrivent en retard, d'autres partent plus tôt. Les enfants eux sont tous là dès début. Mehdi était assis sur un banc à discuter avec moi, en criant des directives, puis de temps en temps se levait pour corriger un élève sur une technique. L'échauffement fut dirigé par un adulte avec une ceinture noire et une queue de cheval. Quand les Uchikomi débutèrent il mit une genouillère ligamentaire à son genou. " Blessure de Judo?" J'ai demandé à Mehdi. "Oui", me dit-il, "et a son épaule aussi".

J'arrivais un peu tard le lendemain, dans l'espoir de manquer au moins une partie de l'échauffement (j'avais prévu de visiter l'académie Alexandre Paiva plus tard dans la soirée ou j'allais être invité à tourner, comme ça ne manquait jamais de se produire partout). Tout ce que je réussi à éviter c'est 30 tours autour du dojo, mais cela m'aida. Mehdi me présenta à ses élèves et dit qu'il allait donner un cours spécial en mon honneur, il me demanda ce que je voulais apprendre. Je lui dit, du newaza, et surtout la technique, que je les avait vu mettre en pratique le jour précédent, un étranglement en contre sur une tentative de seio-nage. Mehdi me montra également un autre étranglement très douloureux (qu' Alvaro Barreto m'a également montré quelques jours plus tard!) et une superbe variation sur Kimura qui fonctionne même si l'adversaire s'accroche à sa propre ceinture.

Que pensez-vous? me demanda-t-il après le cours. "Impressionnant, intéressant" dis-je. "J'aime le newaza", en ajoutant, "Le Nage-waza est dangereux" en pensant à son assistant ceinture noire avec la genouillère. "Oui", me dit Mehdi, je suis d'accord, "le judo est dangereux. Mais j'aime ca."

Je lui fit part de mon intention de combattre au tournoi "Internacional de Masters e Seniors" plus tard dans le mois, et lui demandai quelques conseils sur la façon de prendre un bon départ. Il me proposa quelques variations d'Hiza Guruma et les travailla avec moi. Cleiber Maia avait raison, ainsi que Sylvio Behring, Café, Mario Sperry, et Mike Swain. Mehdi savait beaucoup de choses.

Personne très intéressante ce Mehdi.

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CORPO QUATRO: Entrainement avec Sylvio Behring et Alvaro Barreto a Copacabana / La veritable histoire et la philosophie du jiu-jitsu Brésilien

Je prends un ascenseur qui me conduit au sommet de l'immeuble situé au 88 de la Rua Francisco Sá pour me rendre au centre de remise en forme "Corpo Quarto". Comme la plupart des centres de remise en forme, il abrite une académie de jiu-jitsu. Celle-ci, selon le magazine Warrior, est tenue par Fernando Pinduka un célèbre étudiant de Carlson Gracie. La réceptionniste me dirige vers une salle à l'arrière. Des ceintures Blanches, bleues et violettes sont entrain de tourner. Je ne vois pas Pinduka. Un jeune homme, au physique agréable et portant une ceinture noire vient vers moi. "Pinduka n'enseigne plus ici" me dit il "C'est moi maintenant" C'était Sylvio Behring.

Je connaissais la famille Behring, Marcello le frère aîné de Sylvio avait été le meilleur étudiant de Rickson et un très bon combattant de vale tudo avant d'être tragiquement assassiné par un dealer de drogue. Flavio leur père était l'homme qui avait établi le jiu-jitsu à São Paulo.

Sylvio me présente au propriétaire de l'Académie Alvaro Barreto, une ceinture 8 grau (degré) dont le frère aîné João Alberto avait été un associé de Carlos et Helio Gracie.

Sylvio et Alvaro m'invitent tout deux à m'entrainer.

J'enfile mon kimono et Sylvio me dit: "Echauffe toi à ton aise et fais moi signe quand tu seras pret, tu t'entraines depuis assez longtemps pour savoir ce que tu dois faire", Alvaro acquiesce. Cela me plait, car trop d'enseignants confondent échauffement avec cours d'aérobic. Ce sont deux choses bien distinctes et le but recherché n'est pas le meme. Passer plus de temps sur l'échauffement que le temps nécaissaire pour est chaud (à Rio ca va tres vite), est un gaspillage de temps d'entrainement. La plupart des gars plus avancés ne font pas un échauffement a part. Ils s'échauffent en tournant a un rythme plus lent et moins intense.

J'aime m'échauffer en effectuant des sous-mouvements qui sont nécessaires dans une gamme de techniques, comme ponter ou "fugir de quadril" (sortir la hanche) par exemples. Alvaro me regarde et me temoigne son approbation d'un petit signe de tête. Sylvio me dit alors qu'Alvaro voudrait voir quel est mon niveau, il me demande de tourner avec une ceinture bleue qui est plus petit que moi, mais qui vient de gagner un tournoi la semaine précédente à São Paulo. "Tourne cinq minutes avec lui", me dit il. Je remarque pendant cette lutte que mes renversements a partir de la garde fermée qui normalement fonctionnent tres bien sont inneficasses. Cinq autres minutes, suggère Sylvio. Je survis mais je me fatigue beaucoup plus rapidement que mon adversaire. "Un round de plus" me dit Sylvio. "Je veux voir comment tu combats lorsque tu es fatigué". "Tu es deja entrain de le voir", pensais je. Cinq minutes de plus, même résultat. Alvaro me demanda alors si il y a une chose en particulier que j'ai envie qu'il m'enseigne. L'expérience que je viens de vivre m'a donné envie mais surtout m'a fait comprendre que j'ai besoin d'apprendre une plus grande variété de techniques a partir de la garde ouverte.

Sylvio approuve. "C'est bien, Tu as besoin de connaitre les renversements depuis la garde ouverte pour combattre au niveau ceinture bleue. Les renversements à partir de la garde fermée ne fonctionnent pas sur une personne qui a une bonne posture". Ce qui est sensé etre le cas d'une ceinture bleue. Alvaro me montre alors quatorze renversements à partir de la garde ouverte, des variations, des enchainements et des drills pour les travailler. Je dit à Sylvio que j'avais le sentiment d'avoir fait un grand pas en avant. "Oui", me dit-il, "Maintenant tu connais les techniques c'est bien, mais il va te falloir 12 mois de travail avant de pouvoir les utilisés efficassements". J'essaye de mettre en pratique certaines d'entre elles directement sur des gars. Ils passent tous tres facilement ma garde. Je pense que Sylvio a raison. Je dois les pratiquer. Je remarque aussi du fait de me faire si souvant passer la garde et ensuite controler en croix par mes adversaires, que j'ai des difficultées a sortir de cette position. Donc je vais aussi devoir travailler la dessus.

Après le cours, Alvaro m' invite dans son bureau. "Si tu as besoin de quoi que ce soit, il suffit de demander", me dit il. En fait, il y avait une chose que je voulais savoir. Je voulais qu'il me raconte le développement du jiu-jitsu à Rio depuis le système d'auto-défense que Carlos avait appris jusqu'au sport qu'il était devenu aujourd'hui. J'avais le sentiment que le jiu-jitsu avant et après le premier UFC en 1993 etait très différent.

L'histoire commence avec James Gracie, qui émmigra d'Écosse en 1870 et vint s'établir au Brésil ou il fonda une banque à Rio pour faire des affaires avec des sociétés de négoce Britannique. Son fils Gastão rejoint le corps diplomatique Brésilien (Le Ministère des Affaires étrangères) et déménagea dans la région du Nordeste à Belem. Là, il rencontra Mitsuo Maeda, alias Conde Koma, qui était venu en 1917 en qualité de représentant du gouvernement japonais pour veiller aux intérêts des immigrants Japonais. Maeda qui était un 6ème dan en jiu-jitsu et judo enseigna à Carlos l'ainé des cinq fils de Gastão les bases de jiu-jitsu. Carlos, à son tour, apres le départ de Maeda, enseigna au plus jeune et les plus faible de ses frères. Helio.

Cette partie de l'histoire est connue de tous. Que s'est-il passé ensuite?

En 1940, Helio créa une académie au n° 82/901 Praia do Flamengo dans la zone du sud de Rio de Janeiro. Ensuite en 1948, Carlos et Helio ouvrirent une grande école au 17eme étage du 151 av. Rio Branco dans le quartier des affaires. Copacabana et Ipanema n'étaient que des portions de plage à ce moment-là. João Alberto le frère aîné d' Alvaro était l'un des instructeurs avec Helio et les freres Robson et Carlson ( plus deux autres qui n'etaient pas des Gracie: Helio Vigio et Armando Wried). À cette époque, il n'existait pas de "ceinture noire Gracie". Selon "A História do Jiu Jitsu através dos tempos", les étudiants portaient des ceintures blanches, les instructeurs portaient des ceintures de couleur bleu foncé, et les maitres portaient des ceintures bleu clair ( "o aluno era faixa branca, o instrutor era faixa azul escuro e o mestre azul clara" ). En outre, il n'y avait pas de degrés (dan en japonais, grau en portugais) pour chaque niveau de ceinture, ceci afin de distinguer le jiu-jitsu du judo ( "para não se confundir com o judô, não haviam graduacões de faixa" ).

Alvaro estime à 2000 le nombre de personnes qui ont appris le jiu-jitsu au cours des vingt ans, durant lesquels l'école resta ouverte. Parmi ces étudiants on peut citer le futur gouverneur de Rio, Carlos Lacerda et le futur président João Figueiredo. A cette époque si vous vouliez apprendre le jiu-jitsu, plusieurs options s'offraient a vous. En plus de l'Académie située au centre-ville, dans le quartier des affaires. Deux des étudiants d'Helio, Haroldo Britto et Pedro Hemetrio avaient ouvert leurs propres écoles, le premier à Ipanema, le second en dehors de Rio à Ceara. Un ancien élève de George Gracie, qui s'appelait Fada, avait également ouvert une école dans la banlieue de Rio.

L'académie ferma en 1968. C'est à peu près au même moment que la famille se divisa en clans. Le clan Carlson et le clan Helio (il y a aussi des clans au sein des clans). Helio ouvrit alors une petite école Rua Humaita à Botafogo (où Royler et Rolker enseignent toujours). Carlson ouvrit la sienne Rua Figueiredo Magalhães à Copacabana, Rolls enseigna également a cette adresse jusqu'à son accident en 1982. D'autres académies furent crées à ce moment-là, certaines avec l'approbation des Gracie, d'autres sans.

En 1967, Alvaro, Helio, João Alberto et Helcio Leal Binda créerent la première fédération de jiu-jitsu au Brésil, la "Federacão de Jiu-jitsu do Rio de Janeiro, Estado da Guanabara". (Le nom fut changé en 1977 pour devenir la " Federacão do Jiu-Jitsu do Estado do Rio de Janeiro" ). Ils créerent alors le systeme de progression avec des ceintures de couleurs. Blanche, bleue, violette, marron et noire pour les adultes, plus une séquence intermédiaire de jaune, orange et verte entre la blanche et la bleue pour les enfants âgés de moins de 16 ans. C'est à cette époque qu'ils se sont accordés leurs ceintures noires et les Grau (dan) et ont fixés des règles en vue de compétitions. Ceci dans le but de rendre le jiu-jitsu "um esporte e não uma arte de briga" (un sport et non un art de bagarre).

En 1988 Robson créa une nouvelle fédération. Son frère Carlos Jr. s'estimant mit de coté créa son propre organisme, qui englobait le tout la "Confederacão Brasileira" en 1993. Cette époque coïncide avec le premièr UFC organisé par Rorion qui créa le boom aux États-Unis et au Brésil. La Confédération parraina immédiatement deux tournois, le "Campeonato Brasileiro" (Championnat du Brésil) et les "Campeonatos Brasileiros de Equipes" (Championnats du Brésil par équipes) en 1994, qui depuis sont devenus des événements annuels. Pour établir des liens avec les académies des nombreux Brésiliens expatriés, le "Pan-Americano" fut organisé pour la première fois en 1995. Avec la perspective des Jeux Olympiques de 2004, dans l'optique tres optimiste que la ville de Rio puisse être sélectionnée pour les accueillir, le "Campeonato Mundial de Jiu-Jitsu" (Championnat mondial de jiu-jitsu) fut crée en 1996.

Le Mondial fut précisément crée dans le but d'attirer les combattants étrangers, et de proposer le jiu-jitsu en sport olympique potentiel (visando a inclusão do jiu-jitsu como esporte olimpico o mais breve possivel). En 1999, des combattants des États-Unis, France, Japon, Finlande, l'Allemagne et plusieurs autres pays participerent.

Les combats mettant aux prises des représentants du jiu-jitsu face à des combattants d'autres styles existent depuis le début. C'était généralement des combats qui avaient lieu suite a des défis. Ils rapportaient un peu d'argent, suscitaient un certain intérêt, mais ne stimulaient pas une forte demande pour les cours de jiu-jitsu. Du moins jusqu'en 1991, lorsqu'un vale tudo fut organisé entre les combattants du jiu-jitsu et ceux de la luta livre (Wallid Ismail vs. Eugenio Tadeu, Murilo Bustamante vs. Mercelo Mendes et Fabio Gurgel vs.Denilson Maia que vous pouvez les voir dans Gracie in action 2.) Une quatrième combat entre Marcello Behring et Hugo Duarte, était prévu, mais n'eut pas lieu. Les combattants du jiu-jitsu remporterent la victoire et les inscriptions à leurs académies triplèrent. Le boom au Brésil date de cette époque. Une des raisons pour lesquelles la luta livre n'a pas bénéficié de ce boom est que tous les combattants de la luta livre avaient perdu. L'histoire aurait pu être très différentes si l'un ou l'autre d'entre eux avaient gagnés.

J'étais tres intéressé par ce que Sylvio et Alvaro me racontaient. Ils semblaient tout savoir et connaître tout le monde, c'etait impressionant. Malgré tout, ils étaient assez vagues à propos des dates précises. Mais c'est compréhensible. Personne dans le jiu-jitsu n'aurait pu prévoir que vingt, trente ou quarante ans plus tard, leur art serait devenu un sujet prisé par des journalistes étrangers et des écrivains et qu'ils seraient interrogés sur les détails de ce qu'ils avaient fait tel jour de tel mois au cours de telle année. Malgré tout ils ont essayés.

Alvaro me remit une monographie appelé "Historia do Jiu-jitsu atraves dos Tempos", écrite par trois de ses élèves de l'Escola de Educacão Fisica e Desportos de l' Universidade Federal do Rio de Janeiro, où il etait professeur. J'ai utilisé cette monographie pour combler certaines lacunes de l'histoire. J'y ai entre autre aussi appris, que le combat entre Rickson et Hugo Duarte sur la cassette "Gracie in action" était en fait un re-match. Leur premier combat c'etait terminé par un match nul parce que Hugo avait saisi Rickson par sa "rabo de cavalo" (queue de cheval) et ne voulait pas lâcher. Depuis ce jour, Rickson ne porta plus jamais de rabo de cavalo.

Sylvio est celui avec qui j'ai le plus discuté, car il etait plus souvant là, il parlait anglais et il aimait parler. Il pouvait fournir toutes les idées, conseils et expliquations que vous vous attendez de recevoir de la part de quelqu'un qui pratique son art depuis l'age de quatre ans. En fait, M. Alvaro avait été son premier professeur. (Parfois, Ian le fils de Sylvio qui avait 11 ans s'entrainait avec nous. Il voulait devenir professeur de jiu-jitsu, quand il serait grand).

L' "Internacional de Masters e Seniors" allait avoir lieu dans une semaine ou deux. Je prevoyais d'y participer. Je savais que Café et Leka, qui representaient l'équipe Dojo jiu-jitsu, ne prennaient qu'un jour de repos avant le Mundial. Je pensais que plusieurs jours seraient mieux, non seulement pour se reposer mais aussi pour éviter de se blesser sans avoir le temps de récupérer. Le genre de petites blessures qui se produisent tout le temps et ne sont pas tres graves en temps normal, mais qui dans un tournoi à élimination, qui plus est, le plus grand de l'année, pourrait faire la différence entre la première et la deuxième place, ce qui est une énorme différence.

Sylvio ne pensait pas que se reposer était nécessaire. "Un jour de tournoi est juste un jour d'entrainement comme un autre". Chacun a ses propres raisons qui le pousse a s'entrainer ou a participer a des competitions. Si vous aimez la compétition, participez. Si vous n'aimez pas ca, ne le faite pas. Certains gars qui ne font pas de competitions sont meilleurs que certains gars qui en font. Flavio Conte fait des compétitions de judo, mais pas de jiu-jitsu et Sylvio pense qu'il pourrait facilement en gagner si il en faisait. (Quelques semaines apres le Mundial, Flavio tourna avec Vitor Shaolin, qui venait remporté une médaille d'or, et le finalisa à six reprises).

La competiton a du bon. elle vous montre comment vous vous comportez quand vous etes sous pression. Mais il y a un aspect négatif, car le jiu-jitsu original qui a été crée pour l'auto-défense, tend à être négligé dans de nombreuses académies en faveur des techniques de competitions. En outre, la pression que vous ressentez pendant l' attente avant le début des combats dans un tournoi n'est pas la même pression que celle qu'on ressant au milieu d'une bagarre de rue. Aujourd'hui un grand nombre de ceintures noires ne connaissent meme pas les techniques traditionnelles d'auto-défense et ne pourraient meme pas les enseigner correctement même si ils essayaient, dit Sylvio. Quel est l'interet de devenir un champion si vous n'etes meme pas en mesure de savoir reellement vous défendre? L'art des projections à aussi tendence à être oublié, poursuit il. Les seuls gars qui sont capables de faire de bonnes projections sont ceux qui ont étudiés le judo. Sylvio avait étudié le judo avec George Mehdi dont l'ecole se trouve a quelques pâtés de maisons d'ici à Ipanema "Nous pratiquons d'ailleurs beaucoup les projections içi". Quand ils étaient jeunes, un jour Sylvio dit à Rickson, "Tu devrais apprendre le judo". Rickson lui repondit, "Tu ne comprends pas, je suis Rickson Gracie. Je ne peux pas aller dans une école de judo et me faire projetter par des ceintures blanches". Mais quelques années plus tard, Rickson alla apprendre le judo. Marcello le frère de Sylvio et meileur eleve de Rickson y alla aussi, bientot suivit par un grand nombre de personne.

Mario Sperry par exemple a étudié le judo avec Mehdi pendant sept ans, avant de découvrire le jiu-jitsu. "C'est pour ca qu'il a de bonnes projections", déclare Sylvio.

Mario Sperry est également un bon exemple du genre de "tough guy" (dur a cuire) dont Carlson était toujours à la cherche pour les former à devenir des champions et représenter son type de jiu-jitsu (Carlson a dit dans une interview que le Gracie Jiu-jitsu et le Carlson Jiu-jitsu étaient deux styles complètement différents). Sylvio a des doutes à propos de ce type de jiu-jitsu. "Je suis curieux de voir ce qu'il pourra encore faire quand il aura 55 ans", dit il se référant a un combattant (excellent par ailleurs) utilisant un style "tough" similaire. Alexandre Café.

Un autre combattant "tough" dont le nom revenait souvant était Vitor Belfort. L'avis de Sylvio etait le meme que celui que beaucoup de gens semblaient partager. C'est un clown, dit Sylvio. "Mais nous sommes fans", ajouta t il rapidement. Le mot portugais pour clown est "palhaço", mais sylvio avait utiliser le mot "clown" en anglais. Il n'était donc pas clair de definir dans quel contexte et dans quelle mesure Vitor etait un "clown". Le fait que Sylvio et d'autres personnes décrivent Vitor comme un clown aurait pu se référer à sa vie personnelle, ou ses méthodes d'entrainement (comme pavaner avec sa petite amie pendant les deux semaines qui précedaient son désastreux combat contre Randy Couture).

L'essentiel me dit Sylvio, est d'être détendu et d'apprécier votre entrainement. Vous n'allez pas tenir assez longtemps pour obtenir de bons resultats si l'entrainement est une épreuve. N'envisager pas le fait de taper comme une defaite, mais voyez ca comme la possibilité d'apprendre de nouvelles choses. Vous pouvez taper autant de fois que le vous voulez et pour differantes raisons, ca ne signifie pas forcement que vous avez perdu ou que l'autre type est meilleurs que vous. Si vous n'aimez pas la position dans laquelle vous êtes et que vous voulez travailler une autre par exemple, taper et recommencer. Ne vous inquiétez pas si les autres gars pensent qu'il vous ont finaliser. Ce n'est pas le Mundial a chaque fois que vous tourner.

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Une autre chose importante, me dit Sylvio, est de choisir intelligemment avec qui vous tourner. Vous n'êtes pas obliger de tourner avec tout le monde à chaque fois. Ne considérer pas ca non plus comme un défi parce que de toutes facons vous ne pouvez ni perdre ni gagner. Vous pouvez penser ca, mais si vous le faites, vous vous trompez. Tourner pour apprendre et s'ameliorer et combattre pour remporter des médailles et des trophées sont deux choses complètement différentes. Si vous tombez sur un gars qui ne fait rien a part éviter de se faire renverser ou finaliser, qui ne cherche meme pas à passer votre garde ou vous mettre en danger ou quoi que ce soit, comme le font souvant les énormes bodybuilders ou les lutteurs quand ils debutent. Si vous estimer que vous ne retirerez rien du fait d'avoir tourner avec lui. Vous n'avez pas besoin de tourner avec lui. Bien que d'un autre coté le fait de tourner avec un grand nombre de types avec des style differant est aussi bénéfique pour vous a long terme.

Dans le meme ordre d'idée quand vous tourner avec un gars plus faible, vous devez reussir a travailler de maniere a vous améliorer et emagasiner de l'expérience. Si vous utilisez juste votre force ou votre technique supérieure, qu'accomplissez-vous ? Rien... Il vaut mieux s'asseoir et regarder. Il ya longtemps, Pedro Carvalho est venu s'entrainer à l'Academie. Il était déjà ceinture bleue de chez Carlson et un bon combattant. Mais il ne s'entrainait pas intelligement. Il s'amusait a tordre des petit gars, il finit meme par blesser certains d'entre eux. Sylvio lui dit, "Mec, nous n'avons pas besoin de toi ici, trouves toi un autre endroit pour t'entrainer". Pedro saisit le message et commença à s'entraîner de façon plus intelligente.

Je ne sais pas ce que Sylvio connait a propos du Jeet Kune Do. Mais dans un sens, le jiu-jitsu est du Jeet Kune Do dans sa forme la plus pure. Durant les deux dernieres semaines j'avais appris quatre ou cinq versions d'un renversement que tout le monde semblait aimer faire ces derniers temps. Les variations etaient au niveau du grip et chaque personne qui l'enseignait, recommandait un grip différant. Je demande alors à Sylvio quel est le "bon" ou "meilleur" grip. Sa réponse exprima l'essence du Jeet Kune Do: "Vous devez trouver ce qui fonctionne pour vous". "Trouver" implique explorer. "fonctionne", des essais fondés sur le critère de l'efficacité. L'expression "pour vous" exprime l'individualité que chacun apporte à tout art. Le sujet pronom "vous" indique que le tout incombe en premier chef a l'élève, plutôt qu'a l'enseignant. Sans en avoir forcement l'intention, Sylvio avait résumé la philosophie de Bruce Lee en huit mots.

Comme le Dojo Jiu-jitsu d'Aloisio, Corpo Quatro est petit et indépendant. Il doit y avoir seulement environ 35 personnes qui s'entrainent là bas. "Nous aimons que ce soit comme ça", dit Sylvio. Alvaro et Sylvio ont passés la majeure partie de leur vie dans le jiu-jitsu. L'essor actuel est juste un pixel sur l'écran et n'est pas une raison valable pour modifier un programme qui a déjà passé avec succès les épreuves du temps et de nombreux vale tudo. Il est plus probable qu'improbable, que lorsque l'engouement se sera estompé ce qui restera sera le jiu-jitsu qu'ils avaient appris et enseignés deja des années avant le début du Boom.

Si les fondamentaux ne changeront jamais, dans les détails le jiu-jitsu est en constante évolution, guidé par la quête de médailles dans les tournois et les gains dans les compétitions internationales (en particulier au Japon et Abou Dhabi). Lorsque j'ai demandé à Sylvio s'il était possible d'exécuter un mouvement particulier à partir d'une position particulière, il me dit, "si vous m'aviez demandé ca il ya quelques années, j'aurais dit que c'était impossible, mais maintenant les gars font des choses impossible choses tout le temps" . En disant ca, il doit faire allusion a des gars comme Roleta et Leo Vieira, bien que maintenant suivant leur exemple, on voit même des ceintures bleues faire des mouvements spectaculaires et acrobatiques. C'est une excellente chose pour le développement du jiu-jitsu d'un point de vue sportif et pour les spectateurs. Que ce soit bon pour le jiu-jitsu comme une forme d'auto-défense c'est autre chose.

À Corpo Quatro l'accent était mis sur de solides bases dans les fondamentaux et la polyvalence. Dans le milieu du jiu-jitsu, il existe trois types de combattants: les gars qui sont "tough" (durs, puissants), les gars qui sont techniques, et les gars qui sont à la fois "tough" et technique. l'Académie de Carlson et celle de Fabricio sont célèbres pour former des gars "tough". Corpo Quatro semble principalement axé sur la formation de gars techniques. Bien que l'Académie compte aussi quelques gars "tough". L'un d'entre eux, était Marcio Corleta (qui n'etait pas à Rio pendant mon séjour a Corpo Quarto) qui venait de gagner la medaille d'argent en "pesadissimo" (+97 kg) en ceinture marron lors du dernier Mundial. Il y a vait aussi Rodrigo Munduruca qui lui était présent lors de mon séjour. Rodrigo avait remporté les titres régionaux en ceinture violette catégorie "pesado" (91 kilos), et allait bientot recevoir sa ceinture marron, me dit Sylvio. Il était a la fois très technique et puissant. J'ai tourner avec lui quelques fois, une fois j'ai reussi à le prendre en triangle, j'étais sûr que c'était parce qu'il m'avait laisser faire. "Não" (non), me dit il, "j'ai fait une erreur et vous l'avez exploitée". Je ne l'ai pas cru pendant une minute. J'ai d'abord pensé que tout au plus il m'avait donné une chance qu'il ne donnerait pas en temps normal a un adversaire "sérieux". Mais d'un autre coté, il ya trop de moyens efficaces pour échapper à des triangles. Si je ne connaissait pas la plupart d'entre eux à l'époque, il ne fait aucun doute que Rodrigo lui les connaissait. En fin de compte l'interprétation plus raisonnable serait qu'il ne pensait pas que je puisse reussir un triangle et il m'a donc donné toutes les occasions de le faire et ensuite n'a pas reussi a s'en échapper quand je l'eu fait. Sylvio regardait, il souriait.

La plupart des gens qui pratiquent le jiu-jitsu sont intéressés ou l'étaient lorsqu'ils ont commencé par l'auto-défense. Vous devez être capable de réagir de manière appropriée sans y penser, parce que la pensée prend trop de temps, me dit Sylvio. Il estime que les techniques doivent devenir automatique avant de pouvoir être efficaces. Mais il est un lieu de pensée consciente dans le processus d'apprentissage. Sylvio a développé un exercice qu'il nomme le jiu-jitsu xadrez. "Xadrez" est le jeu d'échecs en portugais. L'exercice est de tourner comme vous le feriez normalement, mais de segmenter votre jeu en pauses et points de décision entre chaque mouvement. En d'autres mots, comme dans les échecs, vous faites un mouvement et attendez que votre partenaire analyse le changement de position qui en découle, calcule son plan et puis finalement, donne sa réponse. Vous pouvez alors donner votre réponse de la même façon et ainsi de suite. Vous voyez alors ce qui se passe au fur et a mesure et en théorie vous voyez pourquoi certains mouvement sont appropriés ou pas dans telle ou telle situation. Cet exercice vous permet aussi de voir des lacunes dans votre jeu que vous n'auriez pas pu voir autrement. Cela prend un certain temps pour s'habituer a travailler de cette facon, me dit Sylvio, mais une fois que vous y arrivez, "vous adorez".

Sylvio recommande également d'isoler les différentes parties de votre jeu. Quand ils tournent, la plupart des gens ont tendance à ne faire ce qu'ils font déjà bien et évitent de faire ce qu'ils maitrisent mal. Alors qu'en dehors d'un combat en competition, c'est le contraire qu'il faut faire. Mais les gens n'aiment pas etre finalisés ou etre montés, donc le fait qu'ils risquent de taper ou se retrouver coincés en mauvaise position en tentant un mouvemant qu'ils ne maitrisent pas encore bien rend encore plus difficile le fait d'evitez qu'ils ne fassent que ce qu'ils maitrisent déja. La solution est d'en faire un drill (exercice). Par exemple, votre tâche pourrait être de renverser votre partenaire a partir de votre garde ouverte et la sienne serait logiquement de passer votre garde sans être renversé (S' il se contentait d'éviter d'etre renversé, ce serait extrêmement difficile pour vous, de reussir le renversement, à moins que vous ne sachiez déjà le faire correctement, mais vous n'etes pas sensé savoir le faire puisque c'est la raison pour laquelle vous faites l'exercice). Dès que l'un de vous a accompli son objectif, vous recommencez tout à zéro. Personne ne perd son temps car les deux travaillent et il n'y a pas de probleme d'ego brisé.

Sylvio avait des centaines de drills, chacun etait conçu pour atteindre un but particulier. Mais, comme partout ailleurs, tourner etait considéré comme le meilleur des exercices. Le soir, il n'y avait pas beaucoup de gars avec qui tourner. Je tournais donc souvant avec Sylvio. Il me demandait ce que je voulais travailler et je lui disais toujours la garde ouverte. J'avais encore des problemes avec les renversement à partir de la gare ouverte, je ne pouvais toujours pas les exécuter en temps réel et en situations. J'avais également des difficultés à passer les gardes ouvertes."Garde ton tibia proche de la jambe du partenaire", me conseillait Sylvio . "Maintiens la pression". "Attention a tes bases" me dit Sylvio alors que je m'etais distraitement penché juste un peu trop loin en avant dans sa garde ouverte en négligeant d'avoir au moins une main libre. "J'aime quand les gars font ca", me dit il, en me faisant voler dans les airs avec un Tomoe nage.

Ce fut une lecon, le genre de celle que vous devez vivre pour comprendre. Le jiu-jitsu est comme ca.

- DOJO JIU JITSU: Entrainement avec Aloisio, Leka Vieira et Cafe a Copacabana / Conversation avec Ricco Rodriguez, Sergio Penha et Reyson Gracie

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Leka est au comptoir absorbée dans un grand livre. Quand elle me voit et me dit d'une voix douce, en me regardant par dessus ses lunettes: "Tu es venu". Elle appelle alors Aloisio, qui descends du loft qu'il est entrain de renover pour loger les combattants de jiu jitsu. "Tu es venu à temps pour le Mundial", me dit il . "Tu t'entraines ce soir n'est ce pas?" Je ne sais pas trop, je viens de passer les 42 dernieres heures entre les vols, les salles d'attente d'aéroports, les trains et les bus. "Ok, ce soir regarde, tu t'entraineras demain", me dit il.

Prof. Aloisio Silva est le fondateur, propriétaire, coordinnateur et chef instructeur de "Dojo Jiu Jitsu" une academie située a un pâté de maisons de plage de Copacabana au quatrième étage d'un immeuble qui abrite un magasin de bagages au rez-de-chaussée, une église au deuxième et les restes d'un ancien centre de musculation au troisieme. Quand on arrive sur le palier du quatrieme, les murs remplis de photographies, affiches, logos, médailles, trophées et publicitées pour des suppléments alimentaires sont autant d'éléments qui indiquent qu'une académie de jiu-jitsu n'est pas loin.

Aloisio ne donne les cours qu'a de rares occasions. Il consacre la plus grande partie de son temps à son élève étoile. Alessandra "Leka" Vieira. Leka n'est pas spécialement la meilleure éléve d'Aloisio, mais elle est celle dont il est le plus proche. Leka a commencé à apprendre le jiu-jitsu avec Aloisio quand elle n'etait encore qu'une petite lycéene rondelette. Aujourd'hui, elle est devenue la premiere femme ceinture noire de jiu-jitsu au Brésil, championne de nombreux tournois, elle a un taux de graisse corporelle de 8% (que la plupart des hommes lui envie). Leka est petite et légère (environ 55 kilos), mais musclée. Elle s'exprime avec une voix douce et timide, elle est toujours tirée à quatre epingles, les cheveux en brosse elle porte des lunettes qui la font ressembler à une bibliothécaire. Il s'agit de sa manière à elle de dire que le jiu-jitsu c'est du serieux. La regarder tourner ne laisse d'ailleurs aucun de doutes à ce sujet. Un jour des combattantes sont venues au Dojo pour voir ce que valait Leka et la tester. Après que Leka les aient toutes rossées elles sont devenues de tres bonnes amies.

Leka conduit l'échauffement, elle commence par une serie de mouvements assez inhabituels qui ressemblent à du yoga. La plupart des gars plus âgés ne participent pas, ils sont assis appuyés contre le mur et discutent, d'autres s'etirent lentement de leur coté. De plus en plus de monde arrive. Il y de tout, des bleues, des violettes, des marrons, des noires. Il y a aussi des enfants ceinture jaune ou blanche et des filles ceinture blanche ou bleue. La petite salle est vite pleine à craquer Certains sont deja entrain de tourner, mais la plupart sont appuyés contre le mur. Au bout d'un moment, Aloisio enfile son kimono, met tout le monde en ligne, et commence à donner le cours. Il appelle une ceinture violette et entame avec lui la démonstration d'une longue série de positions et de finitions. Tout le monde est assis regarde et écoute. La démonstration est tres longue. Je n'avais jamais vu un professeur de jiu-jitsu autant parler pendant un cours. Apparement les autres ont l'air étonnés aussi. j'en voit se lancer des regards perplexes.

Aloisio m' expliquera plus tard qu'il avait fait un cours spécial pour moi, un genre de "seminario". Il le fait parfois, lorsqu' il recoit des visiteurs à l'académie.

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Leka et Alexandre "Café" Danta sont les deux plus grandes et brillantes "stars" du Dojo, mais ils ne sont pas les seuls champions. Aloisio a également été un champion et Cacao, Ricardo, Tadeau, et João ont aussi remportés de grands championnats. Lango, qui enseigne également le kickboxing, a été un redoutable combattant de vale tudo.

Leka est la première personne que je vois quand j'arrive à l'académie le lendemain après-midi. Je lui demande :"Leka, toi qui est une grande championne et a remporté de nombreux titres. Que me conseils-tu de faire pour gagner le titre en ceinture bleue, de la catégorie poids moyens en "super-senior" au prochain "Internacional de Masters e Seniors"? "entraînes toi durement", me reponds elle."Juste m'entraîner durement?" "Oui" dit elle. J'aurais esperé quelque chose de plus concret. Je me demande aussi si m'entrainer durement la semaine qui précède une grande compétition est très judicieux. Je ne pense pas que ma technique ou ma condition physique puissent s'améliorer sensiblement en un si court laps de temps. Il est aussi fort possible que je me blesse et n'aie pas le temps necessaire pour récupérer. "On peut se blesser à chaque entrainement ", souligne João. Oui c'est est vrai, mais le Championnat du monde n'a pas lieu la semaine qui suit chaque entrainement. Café s'est blessé aux côtes en s'entrainant trop intensement une semaine avant le Mundial et il a dû declarer forfait pour l'absolute en ceinture marron. Malgré ca, il reussi à gagner le titre en "super-pesado". mais le fait d'être bi-Campaeo (double champion) aurait été encore plus impressionnant (toute personne qui est bi-Campaeo ne manque jamais de le mentionner quand il est interviewé par le magazine Tatame).

Je vais dans le vestiaire pour enfiler mon kimono et je tombe sur Aloisio. Je lui pose la même question qu'a Leka.

Il n'y a rien de vraiment special que tu puisses faire, me dit il, du moins rien qui puisse te donner un réel avantage, car tu peux être sûr que tout ce que tu vas faire, tes adversaires vont le faire aussi. Et peu importe ton niveau de préparation, tu peux toujours tomber sur un adversaire qui va faire quelque chose d'inattendu. Donc la meilleure chose à faire, me dit il, est de t'entraîner durement et faire de ton mieux. Si tu es meilleur que ton adversaire, tu peux gagner. Mais attention, être meilleur que son adversaire ne garanti pas obligatoirement la victoire. Parfois, tu peux être victime de la malchance ou comme ca arrive plus souvent, avoir un mauvais arbitrage. (Il m'a exhorté à écrire un exposé a propos de l'incompétence qui a permis à Alexandre Paiva de coacher sa femme Daniella dans son match contre Leka depuis l'intérieur de l'aire de compétition, en violation flagrante des règles. Daniella perdu de toute façon).

Il me dit que me raser les cheveux pourrait peut etre une bonne idée. A ce propos j'ai remarqué que tout ceux qui avaient gagnés des titres avaient les cheveux courts. Les hommes du moins. Les femmes avaient toutes les cheveux longs, à l'exception de Leka, qui avait meme une coupe plus courte que la plupart des hommes, et Leka a remporté un titre. Faut il en conclure quelque chose ?

Sur le tatame, je pose la même question à João (le fils d'Aloisio qui a 16 ans et est ceinture bleue) et Tadeau une ceinture violette qui vit à l'académie. Ils sont d'accord avec Leka: s'entraîner durement. Je fais alors remarquer que les combats débutent debout, mais que nous ne travaillons jamais debout, est il possible de le faire ? João me conseille alors d'aller travailler les projections avec Mark, une ceinture bleue d'environ 1m90 et 90 kilos. Mark est un Néerlandais qui réside maintenant de façon permanante à Rio avec son épouse brésilienne et leur jeune fils. Il a deux entreprises dont une "barraca" (bar de plage), à Leme, qui lui rapporte une petite fortune. Il a étudié le judo ("un peu", me dit il). Réussir à le projetter c'est avéré très difficile, mais j'ai remarqué que mes balayages fonctionnaient plutot bien, cette experience m'a donc appris quelque chose. J'ai aussi fait quelques rounds de "grip fighting" avec Tadeau, il est plus petit que moi mais a deja remporter des championnats. Le "grip fighting" ressemble un peu a ce qu'on appelle en judo "uchikomi", mais pas tout a fait. En judo on prends le grip de depart (kumi kata) et ensuite on répète le mouvement d'une projection sans projeter. Ici c'est differant on travaille pour essayer de prendre la meilleure position de grip. Dans les cas où les combattants sont à peu près du meme poids et du meme niveau technique, prendre le meilleur grip dès le depart peut faire toute la différence.

Ces deux expériences m'ont convaincu d'une chose c'est que de bonnes performences de ma part lors du championnat dépendraient de la qualité de mes adversaires. C'est une déclaration complètement vide de sens, mais néanmoins vrai. Tout dépend de la qualité de votre adversaire, de la qualité de sa préparation et de ce qu'il va faire pendant le combat.

L'entrainement est terminé depuis 17h30. Il est 19h30 mais je suis toujours à l'académie dans l'espoir d'obtenir l'avis de Café. C'est le combattant qui a le plus d'experience ici. Il vient d'être récemment promu ceinture noire et est connu sous le nom de "fenomenon do tatame" car il est célèbre pour terminer tout ses combats en finalisant ses adversaires (un "finalizador"). Il a fait taper des gars qui ne l'avaient jamais fait auparavant. Comme je l'avais esperé, les conseils de Café furent plus concrets. Tout d'abord, me dit il, si vous ne savez pas avec certitude si vous êtes meilleur que votre adversaire en judo, allez au sol dès que possible. D'autre part, jouer avec les règles. Un exemple de facon de jouer avec les règles est l'accumulation de "vantagems" (avantage). Un avantage, explique Café, c'est quelque chose que vous faites et qui force votre adversaire à réagir défensivement. Par exemple (en montrant sur Tadeau), un sweep qui ne renverse pas tout a fait votre adversaire, mais lui fait perdre l'équilibre, ou une tentative d'étranglement qui le pousse a interrompre une attaque pour s'en défaire. Tenter une technique alors que vous savez qu'elle n'aboutira pas, est un exemple de jouer avec les règles. Vous engrangez des points, faites impression sur les juges, excitez les fans, ce qui influe aussi sur les juges. Pour terminer il ajouta: "et entrainez vous durement".


Ricco

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Ricco Rodriguez arriva quelques jours plus tard pour se préparer pour le Mundial. Malgré le fait que Ricco souffrait du décalage horaire, Aloisio le fait directement tourner avec toutes les ceintures bleues et violettes. Pour un gars qui pèse au alentours de 130 kilos, il est rapide et agile. Apres que Ricco aie finalisé toutes les bleues et violettes. Aloisio le met avec Café. Café slam Ricco sur le tatame, joue avec lui pendant un moment avant de le faire taper avec un "relogio choke". "Café est bon", dit Ricco et Riccco sait de quoi il parle, il a déja combattu contre beaucoup de tres bons combattants et lui meme n'est pas en reste. Il a été champion de l'absolute en 1998 au tournoi d' Abu Dhabi, et a battu Murilo Bustamante (champion du Mundial 1999) toujours à Abou Dhabi en 1999 . Mais pour le moment il ne semblait pas encore être prêt pour affronter Café qui ne pesait "que" 95 kilos et qui physiquement a coté de Ricco semblait etre en danger permanant d'etre emporté par une rafale de vent.

Ricco avait travaillé comme videur dans une boîte de nuit coréenne à New York, il parlait meme coréen (les deux expressions qu'il trouvait les plus utiles sur son lieu de travail étaient "arumdapsumnida" (jolie) et "anyong hashimnikka» (vous allez bien?). Ne voyant aucune perspective d'avenir dans le métier de videur et ayant été lutteur au lycée. Le fait de voir d'anciens lutteurs comme Mark Coleman et Mark Kerr s'enrichir lui avait donné des idées. Ricco vivait en Arizona pas tres loin de chez Mark Kerr. "Mark transportait du materiel de sonorisation avant l'UFC. Maintenant, il possède une grande maison ". Ricco n'était pas aussi bon lutteur que Coleman ou Kerr. Il ne possèdait pas autant de titres qu'eux. Mais il avait quelque chose qu'eux n'avaient pas, une ceinture violette en Machado jiu-jitsu. C'est a l'academie des frères Machado d' Hermosa Beach que Ricco avait rencontrer Aloisio, qui l'invita a venir s'entrainer au Dojo quand Ricco descendrait pour le Mundial.

C'était le deuxième voyage de Ricco au Brésil, il avait participé à la précédente édition du Mundial. Mais il m'expliqua que son premier périple Brésilien s'etait résumé à atterir, combattre et redécoller. En gros tout ce qu'il avait vu de Rio c'etait des academies de jiu jitsu et le Club de Tennis de Tijuca, où l'événement se tient depuis sa création en 1996. J'avais fait encore plus fort que lui. J'en étais a mon troisième voyage à Rio, j'avais passé en tout à peu près six mois sur place je n'avais toujours rien vu non plus. Pourtant il y a deux choses que tout le monde doit faire au moins une fois quand on vient a Rio, tout les cariocas vous le confirmeront . Première chose, vous devez voir la vue depuis le Pão de Açucar (Pain de sucre), et deuxième chose, vous devez voir la vue depuis le Corcovado. Ricco me proposa alors qu'on partage un taxi pour y aller un jour. C'était une bonne idée. Le probleme c'est que Ricco, passait tout ses apres midi à l'académie a faire la causette avec l'une ou l'autre des combattantes de l'acadmie.

Un jour Leka essayait de se concentrer. Ricco arrive et lui demande qui est le meilleur combattant Brésilien à l'heure actuelle: Est-ce Saulo Ribeiro, Fabio Gurgel ou Mario Sperry? Ou Ricardo Liborio? "Chato", lui réponds Leka. Les autres rigolent. Quoi ? Qui est ce "Chato"? Jamais entendu parler de lui. Tu le connais toi ? ", Me demande t il. "Je ne pense pas que ce soit une personne", lui dis je. Etant autant curieux que Ricco de savoir ce signifiait ce mot et ce que Leka entandait par la . Je pris petit mon dictionnaire de poche. A la definition du mot "chato" on pouvait lire "plat, ennuyeux, chiant".

"Ah ok, tu la joue comme ça" dit Ricco à Leka, en faisant semblant d'être insulté. "Quand le cours du soir commence-t-il " demande Ricco. Je lui dit que normalement il commence à 19h30, mais cela dépends de ce qu'on entends par "commencer". Il était de 18h00. Ricco voulait manger quelque chose de léger. Je l'accompagne, nous nous rendons dans un "suco bar" (bar a jus de fruits) tout proche et commandons deux grands jus d'açai. Ce qui pour une personne "normal" constitue un apport calorique suffisant. Mais avec ses 130 kilos, Ricco a besoin de plus de nourriture. Nous nous rendons donc dans un "Comida por Kilo" (type de restaurant ou l'on paye la nourriture au poids) proche de l'académie. Ricco rempli genereusement son assiette de viande de pommes de terre et de pâtes. L' employé pèse nos assiettes et nous les factures en conséquence. "Normalement je ne mange pas de viande", me dit Ricco en engloutissant son assiette.

Nous rentrons à l'académie pour le cours. Aloisio apprécie avoir Ricco (qui fait le double de son poids) comme partenaire pour démontrer les techniques . Il nous montre une version de Tomoe-nage. Ricco s'envole dans les airs, mais retombe légèrement. Il est d'une agilité impresionnante pour un gars sa taille. Un moment Aloisio montre un exercice qui consiste a faire une roulade arriere avec retablissement en poirier cumulé a dix flexions de bras dans cette position. Il demande à différentes personnes de le faire dont son fils João et Tadeau. Leka le fait aussi ( "Leka est aussi forte qu'un homme", chuchote quelqu'un) Plusieurs gars refusent. Ricco accepte le défi et réalise l'exerice avec aisance à la surprise générale et l'approbation de tous.

Aloisio nous montra ensuite une variation de genou sur le plexus. Dans cette variante, vous tenez le col de votre partenaire d'une main, et sa ceinture avec l'autre main. vous placez alors vos deux genoux sur sa poitrine tout en tirant. Apres le cours je suis allé demandé a Ricco comment il se sentait. "Comme un petit tas de briques", m'a t-il répondu.


L'homme qui fut proche de battre Rickson

"Vous savez qui est cet homme ?" demande quelqu'un, en montrant un homme à l'allure sympathique proche de la quarantaine, habillé en vetements de ville qui regarde le cours appuyé contre un mur. C'est le gars qui a presque battu Rickson. C'est Sergio Penha. Ricardo explique: Sergio menait 18 à 3 jusqu'à 9'40'', il restait 20 secondes lorsque Rickson, d'une façon, apparemment accidentelle a fait pression sur les côtes de Sergio blessant celui ci. Pas d'excuses: "Je pense que Rickson est un bon combattant", dit Sergio, avec la même intonation etirée sur le mot "bon" que Rickson utilise dans le mot "fort" quand il décrit de jeunes gars tellement fort que vous pourriez les battres sur un arbre. Ce qui signifie qu'ils n'ont pas un niveau technique élevé.

Sergio n'enseigne pas le jiu-jitsu. Il est pilote pour la VASP (Viação Aérea São Paulo) une compagnie aérienne. Il est connu pour être aussi bon pilote que combattant. Bien sur il s'entraine toujours, car il aime le jiu-jitsu. Mais pour lui le le boom du jiu-jitsu n'a pas que des cotés positifs, bien sur c'est une bonne chose pour les personnes qui enseignent, comme son ami Aloisio. Mais trop de jeunes mecs utilisant des anabolisants. Vous rencontrez des petits gars tout maigrichons et le mois suivant ils ressemblent à....euuuh comment dire......Vitor Belfort. C'est l'UFC qui est responsable de ca. S'il n'y avait pas des limites de poids, ils prendraient tout ce qu'ils pouraient pour devenir le plus énorme possible. Le pire c'est que les incidences sur la santé sont largement connues, mais ces jeunes gars pensent que rien de grave ne leur arrivera jusqu'au jour ou ca arrive. C'est pourquoi ils ont besoin de bons enseignants et de bons entraîneurs. Malheureusement, certains enseignants et entraîneurs ne pensent qu'a se faire de l'argent rapide. A mon époque dit Sergio, tout le monde admirait Rolls pour sa magnifique technique. Maintenant tout le monde veut être énorme donc forcement ca encourage l'utilisation d'anabolisants. Lorsque vous êtes très fort comme un ours, vous n'avez pas besoin d'une telle technique parfaite. la Technique passe à la trappe. Ce n'est pas ce que le jiu-jitsu est censé être.

Sergio vient récement de passer 15 jours à Tokyo. Le sejour ne lui a pas plu, mais la bourse etait bonne. Nobuhiko Takada, qui a également combattu Rickson (mais fut loin d'etre proche de la battre...) à offert a Sergio une grosse somme d'argent pour venir au japon entrainer son équipe, qui comprenait Yamamoto et Anjo (qui ont eu aussi perdu contre Rickson) et Sakuraba (qui n'a pas encore combattu Rickson mais devrait le faire bientot). Que voulaient ils apprendre ? Des méthodes secretes ou des stratégies spécifiques pour battre le jiu-jitsu? Non, me dit Sergio, les techniques de base.

Sakuraba est celui qui semble avoir prêté le plus d'attention au cours de Sergio. Certains disent que Sakuraba est le meilleur combattant Japonais. Danc ce cas pourquoi alors Rickson continue il de combattre Takada, alors que tout le monde dit que celui ci ne ferait meme pas le poids contre une ceinture bleue moyenne? Pour l'argent bien sûr! Pourquoi crois tu que quelqu'un combat professionnellement ? Sergio pilote, Rickson combat (mais ca sonne mieux en anglais : Sergio flies, Rickson fights)

Ricardo a la vidéo du fameux combat entre Sergio et Rickson. Il me promet de la prendre la prochaine fois. Rappel le moi si j'oublie, me dit il. Mais je ne me fait pas trop d'illusions. Ce qui exige une planification, de la préparation et de la coordination abouti rarement, en particulier à Rio, où aller à la plage est une tentation constante. "Le Brésil est le pays de l'avenir et le sera toujours", disent-ils, presque heureux avec cette facon typiquement méditerranéene de voir les choses qui met l'accent sur le présent plutôt que l'avenir, qui après tout est imprévisible. Ici le fait que les choses se fassent ou non semble voué au bon vouloir de dieu. "Se Deus quiser" (si dieu le veut), disent ils. Donc j'aurai la cassette demain, si c'est la volonté de Dieu. Le fait que jiu-jitsu aie grandi, si fort, si rapidement, tout en restant tres organisé témoignage de l'ambition de Rorion Gracie mais aussi du fait qu'il a historiquement toujours été aux mains d'une élite relativement cohésive. Si Carlos n'avait pas aimé avoir autant d'enfants, le jiu-jitsu serait probablement aujourd'hui constitué de centaines de petits groupes travaillant à contre-courant.

Sergio semblent ne pas aimé parler de lui-même. Ricardo me suggere de faire une interview de l'homme qui a presque battu Rickson, mais Sergio n'est pas emballé par l'idée: "Parlons plutot du Boeing 737" me dit il. Il ne veut pas être perçue comme comme quelqu'un qui tire profit de ce récent engouement pour le jiu-jitsu. Il me dit que le vidéo de son combat contre Rickson n'est pas très intéressante et mentionne juste qu'il fut le premier professeur de Mario Sperry et Luis Limão Herridia, qui est aujourd'hui l'un des assistants de Rickson. C'est à peu près tout ce qu'il a bien voulu me dire.

Peu importe l'opinion des gens sur la famille Gracie, car en quelque sorte ils font tous un peu partie. Soit ils ont eux meme appris d'un Gracie, soit leur professeur l'a fait. Sergio a obtenu sa ceinture noire des mains d' Oswaldo Alves, qui lui avait obtenu la sienne de Reyson Gracie.


Reyson

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"Reyson sera là ce soir. Pourquoi ne fais tu pas une interview avec lui? " Me suggère Aloisio. Aloisio lit mon article sur son ami Sergio Malibu paru dans "Black Belt Magazine", il estime que quoi que j'ecrive sur ces pages. La réalité est differante. Ils ne sont meme pas capables d'orthographier "jiu-jitsu" correctement me dit il.

J'approuve, convaincu de toutes facons qu'avec le temps, mes textes seront certainement aussi publiés dans d'autres médias. (comme c'est le cas ici.)

Reyson est mince avec des cheveux blonds bouclés, il porte des lunettes et doit avoir la cinquantaine. Sa carte de visite indique qu'il est ceinture noire 8 grau (8ème dan) de Gracie jiu-jitsu et président de la "Federacão de Jiu-Jitsu da Bahia". Il ne parle pas tres bien anglais. Aloisio demande a Café de faire la traduction. Nous nous asseyons sur le tatame. Je pose une question. Reyson parle pendant dix minutes. Café tape alors deux fois sur mon genou avec son coude pour attirer mon attention avant de commencer son interprétation, et dit quelque chose comme, "Reyson dit que peut-être ".

Je pose alors des questions plus simples. Que pense t il du récent combat entre Royce et Wallid? "Une plaisanterie", dit Reyson. Royce n'a jamais gagné un titre dans la divison ceinture noire. Wallid n'a pas plus combattu contre les meilleurs combattants depuis des années. Ils ne seront jamais bons si ils restent aux États-Unis. Si ils reviennent s'entrainer au Brésil, ils peuvent devenir bons". Royce vs Kerr? Reyson me regarde étonné du fait que quelqu'un puisse envisager qu'une telle rencontre se produise: "ridiculo". Rorion? "Il ne pense qu'a lui-même, pas a la famille". Reyson me parle des débuts du jiu-jitsu. Je lui dis alors que la plupart des Américains connaisent déjà l'histoire. Il est surpris, ne se rendent pas compte a quel point Rorion a promulgué avec succes le mythe de la famille.

Gazzy une Américaine de Los Angeles s'approche, elle me propose de traduire. Elle est la meilleure "Feminino" ceinture bleue dans le sud de la Californie à ce jour, me dit-elle modestement. Elle est venue à Rio pour voir Leka. Elle a appris portugais en s'entrainant avec Joe Moreira. Ou plutot elle a du apprendre, car Joe refuse d'apprendre l'anglais. L'incapacité de Joe à apprendre l'anglais est légendaire à Rio. Gazzy demande a Reyson si il est d'accord pour poser avec elle sur une photo. Reyson me demande si j'en veux une aussi. Mais il est en vêtements de ville. Je dis non, j'en voudrais une "com quimonos" (en gi) , s'il envisage de revenir demain. Il dit qu'il se pourrait qu'il repasse. Mais il ne le fit pas.

Pourquoi Reyson prononce t il les prénoms Royce, Royler, Rickson, Rorion à l'américaine en prononcant le son de la premiere lettre comme un [r], plutôt qu'a la portugaise ou la premiere lettre se prononce comme un [h], alors qu'il parle portugais? Il pensait que ce serait plus facile pour moi de comprendre, m'explique-t-il. Je suis aussi surpris par le fait qu'il ne semble que moderement apprecier la facon dont Rorion a mis en place avec succes le Gracie Jiu-Jitsu aux Etats-unis et ailleurs. Le seul endroit que vous entendez Royce ou Rickson prononcé avec [r] de nos jours c'est au Brésil.

Il ya une pile d'anciens numeros de revues de jiu-jitsu dans les escaliers. Reyson prend un exemplaire de Tatame. Il y a un article sur l'homme qui a changé le jiu-jitsu, Rolls Gracie. L'une des dernières photos prises de Rolls est un portrait de famille qui date de l'année de sa mort 1982, tout le monde est si jeune sur cette photo. Royler doit avoir environ 10 ans. Reyson me demande si je suis capable de le reconnaitre sur la photo. Je le fait et je reussi aussi a reconnaitre tout les autres. Reyson est impressionné. C'est pourtant facile. Il n'y a qu'un seul visage que je n'ai pas reussi a identifier sur la phot. Reyson ne se souvient pas non plus qui c'est.


L'oeuf

Lango enseigne le kickboxing durant après-midi. Il est ceinture violette. C'est également un combattant de vale tudo. Il est impressionant avec son crane rasé, ses yeux enfoncés dans leur orbitre et d'énormes muscles partout, a l'exeption de ses jambes, qui sont aussi minces que des crayons. En dehors des tatame, il est aussi doux qu'un agneau. C'est aussi en quelque sorte un intellectuel. Il avait appris que les patries les plus resistantes d'un oeuf sont les extrémités. Si vous essayez de presser un oeuf entre vos mains, il ne se brise pas. Personne à l'académie ne crut Lango lorsqu'il expliqua cela un après-midi. João, Tadeau, Fabrine et Charles se succédèrent en vain pour essayer d'écraser l'oeuf. C'est a ce moment que Café arriva. Lango pensait qu'il serait amusant de regarder Café tenter d'écraser l'oeuf. Café n'avait pas l'air interessé. "Qui ne pourrait pas briser un oeuf?" Lango le persuade d'essayer. Café sourit, il saisi l'oeuf et commence à presser. Il ne se passe rien. Il reessaye, toujours rien. Il ote alors son sac de son épaule, le pose au sol, se frotte les mains pour les secher de facon a obtenir une prise ferme. L'oeuf explose, eclaboussant de son jaune la chemise de Café. Lango explose de rire. Café rigole aussi, sauf que mais maintenant il est bon pour retourner chez lui enfiler une chemise propre. Ce n'est pas pour rien si a chaque foi qu'on evoque le nom de Café, les avis sont unanime: Ce mec est tres fort...

Café ayant remporté sa categorie dans le Mundial. Aloisio l'avait promu ceinture noire. Son "meilleur ennemi" Rodrigo "Comprido" Medeiros, représentant de l'équipe Alliance, avait lui deja reçu sa ceinture noire plus tot. Ils allaient donc maintenant pouvoir de nouveau se rencontrer mais cette fois dans la categorie reine: la ceinture noire. Je demande a Café si il pense que Rodrigo Comprido serait un adversaire plus difficile aujourd'hui qu'auparavant. Il me dit avec un petit sourire en coin: "Je le batterai à nouveau et encore plus facilement la prochaine fois". Lorsque j'ai plus tard posé la meme question a Comprido, il m'a donné la même réponse.

J'avais vu comment Café avait jouer avec Ricco Rodriguez, et j'avais aussi vu Ricco finaliser Cleiber Maia, une ceinture noire, encore plus costaud que lui, qui est également un bon lutteur (champion national brésilien). Ma stratégie était donc de ne rien faire qui puisse le rendre fou. Etant donné que je tournais avec un mec qui etait capable de m'envoyer a hôpital sans le vouloir, j'allais travailler léger comme une plume, en espérant qu'il utiliserait sa technique plutôt que sa puissance. Heureusement pour moi, c'est ce que Café fit. À un moment donné, il se mit en position de la tortue. Je soupçonne un piège... Je pose mon genou sur ses jambes de façon à l'empecher de se déplacer. Et là, je me rappel que Mario Sperry m'avait mis en garde de surtout ne jamais faire ca, en m'expliquant que si votre adversaire est bon, il va en passant entre ses propres jambes récupérer votre genou avec les deux mains, rouler et verouiller votre jambe. Lorsque Café, qui est bon, agrippa mon genou et a commenca a rouler, je tapai aussitot. Je connaissais la finalité de la technique, je n'en connaissais pas la sortie et ne voulais pas risquer une fracture du genou. Café sourit. Son plan avait marché. Aussi maigres que fusses mes compétences, il avait pu tirer un certain bénéfice de cette lutte avec moi. Ce jour là j'appris une chose. C'est qu' il est tout à fait possible de s'ameliorer en tournant avec un gars beaucoup plus faible que sois, a condition de ne faire que des choses que vous ne reussissez pas d'habitude. Je demande alors a Café comment sortir de la clef de genou. Mario Sperry ne m'avait pas enseigné la défense. C'est simple. Tu mets ton pieds en crochet derrière ton autre autre genou, de cette facon ton adversaire ne sait pas s'étendre. Bien sur comme la plupart des autres défenses, il faut le faire avant qu'il ne soit trop tard. Cela demande que tu anticipes la roulade de ton adversaire. Si tu le fais trop tôt avant la roulade, il va abandonner la tentative et passer directement à une autre technique. Avec tes jambes en triangles, tu ne sera alors pas en mesure de se déplacer rapidement et te retrouvera dans une mauvaise position. le bon timming est la clé.


Internacional de Masters e Seniors

La premier "Internacional de Masters e Seniors" allait avoir lieu. Aloisio allait y participer, il souhaitait que tout ceux qui remplissaient les conditions d' admission à la competition y participent et représentent le Dojo dans le tournoi. Ricardo une ceinture violette serait de la partie. Il avait remporté une médaille d'or lors du dernier Pan-Americana (en ceinture violette categorie poids lourds) ainsi que d'autres médailles auparavant. Jérémiah participerait en catégorie poids plume en ceinture noire. Le grand Mark d'Amsterdam et moi-meme plus quelques autres étions assez vieux pour participer aussi. Le "titulo" (titre) est très important, nous dit Aloisio. Nous n'étions pas sur de bien comrendre pour qui ? Pour Aloisio, oui bien sûr, c'est important. Car c'est un champion et en tant que propriétaire d'une académie, le fait de produire des champions est autant si pas plus important que le fait de l'etre soit meme. Mais qu'est-ce que Mark et moi-même avions à gagner d'autres que de l'expérience? Je pensais néanmoins que mes chances étaient bonnes, du moins, c'est ce que tout le monde me disait. Surtout que les ceintures bleues de mon âge ont tendance à avoir un emploi qui souvant ne leur permet de s'entrainer suffisamment. Je ne travaillais pas et m'entrainais constamment. je pratiquais le jiu-jitsu depuis environ trois ans à ce moment-là. Mark, bien qu'il porte également une ceinture bleue, ne s'entrainait que depuis quatre mois. Mark se posait des questions au sujet de sa ceinture. Bien qu'étant tres costaud cet ancien combattant de Muay Thaï qui s'etait entrainé avec Rob Kaman et Ramon Dekker, se faisait encore finaliser par des ceintures blanches. "Mark ne s'entraine pas assez", dit Aloisio. "Je lui avait dit que si il s'entrainait trois fois par semaine au lieu de deux, je lui donnerai une ceinture bleue", poursuivit il. "C'est pourquoi je ne m'entraine pas trois jours par semaine", dit Mark.


Visitors

Il y beaucoup d' Américains et autres étrangers à Rio pendant la semaine du Mundial, certains ont trouvés le Dojo, un peu par hasard, mais la plupart d'entre eux viennent pour Leka. Toute une équipe de Philadelphie aux États-Unis est venue dans le but de la rencontrer. Un membre de cette équipe a obtenu la deuxième place en ceinture bleue catégorie "pesado". Mais son frère qui etait ceinture violette etait bien meilleur que lui. Un mot a propos de ca. Une jeune fille ceinture bleue de leur équipe (celle qui voulait le plus rencontrer Leka). Pour je ne sais quelles raisons n'a pas arreter de se plaindre en evoquant la raison politique, pour le fait que le jeune homme de leur groupe n'avait pas reçu une ceinture violette malgré le fait qu'il aie gagné deux tournois en bleu. J'ai tourner avec lui et je ne pense pas que la "politique" en soit la raison majeure. Me voyant tourner Big Pat, le plus agé de leur groupe, m'a dit que j'etais meilleur que ce qu'il pensait. Je n'ai malheureusement pas eu la chance de lui retourner le compliment (ce que j'aurai fait si je l'avais trouver bon) car il n'a jamais mit son kimono. En fait, je n'ai pas d'idées préconçues sur la valeur de quelqu'un. Parce que vous ne pouvez dire de quelqu'un qu'il joue bien ou mal de la guitare qu'a partir du moment ou il commence à jouer. En Jiu-jitsu ca fonctionne aussi en quelque sorte comme ça.

Big Pat avait par contre d' intéressantes histoires à raconter. l'une d'elles est que son professeur avait initialement été affilié à Rorion, mais finalement il trouvait le prix trop élevé par rapport à ce qu'il recevait, ce qui généralement se résume a la permission d'utiliser le nom et logo Gracie Jiu-Jitsu. Il changea donc pour Relson qui lui, proposait une affiliation gratuite. Relson n'a apparemment pas le meme sens des affaires que son jeune frère Rorion. Il ne deviendra jamais riche en propsant des affiliation gratuite a tous. Mais bon, il faut croire que la vie est bon marché a Hawaii.

Un pratiquant de kung fu de New York passa également à l'académie, curieux de voir ce qu'était le jiu-jitsu. Aloisio lui proposa alors de prendre un cours privé avec son fils João, pendant le cours un moment João se mit en monte sur l'homme et l'invita a essayer de sortir de la position de n'importe quelle maniere. Bien sûr, il ne reussi pas. Alors qu'il s'en allait, je lui demande ce qu'il pensait du jiu-jitsu brésilien. "Intéressant", dit il , "but kung fu is better for real fighting." ("mais le kung fu est mieux pour le combat réel.")


Le Boom du jiu-jitsu

Le boom a crée une demande pour le jiu-jitsu. Il a également crée une vaste offre d' enseignants qualifiés, mais qui, à en juger par mes observations n'exède pas la demande (ce que je dis là peut sembler surprenant, étant donné qu'il existe des académies partout). Toutefois, le marché semble etre plus ou moins saturé. Il y a une réelle concurrence entre les académies pour attirer les nouveaux élèves et garder les anciens: qu'une ceintures blanche change d'academie pas de probleme, mais une fois que l'étudiant a obtenu un grade, il est considéré comme un "creonte" (traître) si il change d'école. C'est peut etre une des raisons qui explique cette promotion relativement rapide a la ceinture bleue. Le concept de creonte est la création de Carlson (Creonte était en fait le nom d'un personnage qui etait un traître dans un soap opera). Pour les Brésiliens la fidélité est une valeur importante, mais les lois du marché sont ce qu'elles sont.

Les Académies n'essayent pas de se concurrencer sur les prix des cours qui est à peu près le même partout, environ 80-100 reais par mois (soit l'équivalent de 40-50 $ US par mois pour un nombre illimité d'entrainement). Les installations sont les mêmes, une piece avec un tatame. Le produit est le même, le Gracie jiu-jitsu. Le lieu varie, mais pas beaucoup. Pratiquement tous les académie sont dans la Zone Sud, qui n'est pas tres grande, à Copacabana et Ipanema, les académies sont parfois situées à seulement quelques pas les unes des autres.

Les académies se font surtout de la concurrence sur la personnalité de leur "Mestre" et les records de victoire de leurs élèves. Le meilleur exemple est l' Académie Carlson Gracie. Les gars qui aiment le jiu-jitsu a la sauce "casca grossa" (hargneux) vont chez Carlson ou ce style a été affiné à la perfection, même si son fondateur n'est plus la bas et ne vit meme plus au Brésil.

Aloisio n'a pas facile face à des noms comme Gracie Humaita, Gracie Barra, et Alliance qui sont des associations d'une vingtaine d'écoles chacune et qui sont en place depuis longtemps. Ces associations envoient beaucoup d'étudiants lors des tournois. Chacun d'entre eux en gagnant engrange des points pour leur association, et toutes les branches se partagent la gloire. Mais Dojo Jiu-Jitsu est indépendant (Aloisio prefere cette facon de faire). Il a environ 60 étudiants, dont des femmes et des enfants. Donc les possibilitées de marquer beaucoup de points en compétition par équipes son minces. Malgré tout le fait de posseder l'un ou l'autre champions est une bonne chose et le Dojo en a plusieurs, dont deux qui se démarquent vraiment. Le premier est Café, a qui tout le monde prévoit un bel l'avenir, car c'est un gars qui gagne toujours de facon impressionnante. L'autre est Leka. Leka fascine non seulement les jeunes femmes mais aussi les hommes, les familles et les étrangers.

Aloisio voulait donc que Big Mark et moi combattions pour Dojo. C'était ok pour moi. Je m'entrainais là bas, il me semblait donc approprié de représenter l'académie et si ma victoire pouvait offrir quelques points precieux à Dojo, dans le decompte finale, cela me faisait plaisir. Aloisio m' inscrit donc pour le tournoi apres avec consulté le nom des inscrits de facon a m'enregistrer dans la catégorie ou il estimait que j'aurai le plus de chance de victoire. Il pensait que j'aurai plus de chances si je participais dans la catégorie de poids supérieur à la mienne. Comme ce n'est pas mon genre de chercher a affronter les adversaires les plus faciles, et que mon but est surtout d'emmagasiner de l'expérience plutôt que devenir celebre. Je lui dit ok. Après tout, ca ne representait pas grand grand chose pour moi de devenir "campeão" du monde (en ceinture bleu categorie "medio" division senior) si j'avais encore du mal avec des ceintures blanches de retour chez moi au Gracie Japan.

Mark n'etait plus trop chaud pour participer a la compétiton malgré les encouragements d'Aloisio. Comme Mark ne se presentait plus à l'academie depuis plusieurs jours, j'allai aux nouvelles "Mark est allé à Bahia", me dit son épouse Brésilienne. J'avais comme le sentiment qu'il ne serait pas de retour à temps pour la competition.

Le jour J arriva j'étais prêt. le probleme c'est qu'il s'avéra que la manifestation se tenait loin. Que la plupart des gars dans l'académie ne savaient meme pas comment s'y rendre, et que les rares qui savaient me disait qu'il était impossible de s'y rendre d'ici. Aloisio qui lui combattait un autre jour me dit, "vas y avec Ricardo" mais Ricardo ne pouvait pas y aller, il etait "com gripe" (un coup de froid). Donc au final, j'aurai dû trouver le moyen d'y aller par moi-même sans me faire escroquer par la ruse des chauffeurs de taxi et puis ensuite combattre et gagner. J'ai alors décidé que tout compte fait je n'avais pas tant besoin d'un titre que ca. A partir du moment ou j'avais payé mon inscription à la compétition, je suppose que j'ai donc perdu par forfait. Je ne sais pas. Si tel est le cas, il s'agissait là de ma première défaite dans un tournoi de le jiu-jitsu....

Si ca se trouve je réessayerai de nouveau l'année prochaine. Se Deus quiser